Midem 2011 : suivez en direct toute l'actualité du marché de la musique

Un Français sur deux avoue télécharger illégalement, révèle une étude de la Hadopi présenté au Midem Des engagements pour soutenir la filière musicale réaffirmés par le ministre de la Culture qui veut relancer la taxe Google. Un nouveau service de musique illimitée présenté par Sony...: les conférences du Midemnet, suivie par Isabelle Repiton, envoyée spéciale de La Tribune.
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Dimanche 23 janvier

Un Français sur 2 pirate. Une étude de la Hadopi

49 % des internautes français ont eu recours au moins une fois à un usage illicite de biens culturels sur Internet dont 13 % régulièrement et 36 % occasionnellement. Le taux monte à 70 % chez les 15-24 ans. C'est l'enseignement d'une étude présentée  au Midem par la Haute autorité pour la diffusion et la protection des oeuvres sur Internet (Hadopi). 

Elle s'est entourée d'un luxe de précautions méthodologiques pour assurer de la rigueur, l'indépendance et la transparece de son étude. Ce qui n'a pas empêché des accusations  immédiates sur Twitter d'une étude "orientée".

Elle montre que les Français sont informés des questions de sécurisation de leur accès Internet. 70 % de ceux qui déclarent ces usages illicites disposent d'un accès Internet WiFi sécurisé et 72 % sont équipés d'un parefeu.

75 % des internautes dépensent en moyenne 36 euros par mois en biens culturels (commande de biens physiques ou achats et services numériques) sur Internet. 37 euros pour ceux qui déclarent des usages illicites.

Quant à la perception de l'Hadopi, elle est très partagée entre opinions positives, négatives et sans opinion. 

48 % des internautes estiment qu'elle "permettra de développer l'offre légale" , 43 % qu'elle "permettra une juste rémunération des artistes". 

51 % estiment au contraire qu'"elle ne sert que les intérêts particuliers de quelques uns" et 41 % qu'elle "porte atteinte aux ibertés individuelles".  

Mais sur toutes ces affirmations, positives ou négatives, proposées aux sondés, un tiers des internautes ne se prononcent pas. "Ils attendent de voir" conclut Eric Walter, le directeur de la Hadopi : "le paysage devant nous est ouvert, serein. Cela va nous permettre de conduire nos missions dans de bonnes conditions".

Plus d'information sur l'étude Hadopi et le sondage Sacem sur la tribune.fr

Sony déploie son service "music Unlimited"

Sony présentait au Midem à Cannes son service de distribution de contenus en ligne Qriosity.

Il donne accès aussi bien à de la musique, de la vidéos à la demande, des jeux vidéos, livres, BD et est disponible, à partir d'un compte unique, sur PC, sur les mobiles sur Android de Google, sur les téléviseurs (Sony uniquement à ce stade), les consoles de jeu PlayStation ou les lecteurs de DVD Blu Ray.
La partie musique,  "music unliimited",  présente au Royaume-Uni depuis avant Noël, a été lancé samedi 22 janvier dans 4 pays européens : France, Italie, Allemagne et Italie. Il arrivera au Japon le 26 janvier et durant le premier trimestre aux Etats-Unis.

L'abonnement basique, à 3,99 euros par mois, donne accès à un catalogue de 6 millions de titres issus des quatre majors (Universal EMI, et de producteurs indépendants. Le tarif "premium"à 9,99 euros par mois permet de se constituer des listes d'écoute.

Il illustre la nouvelle génération des services internet qui vendent l'accès à des biens culturels conservés dans le "cloud" (le nuage) informatique, c'est à dire sur des serveurs distants, et accessibles de partout par l'usager. Et il témoigne aussi du retour du télévseur au centre du divertissement familial. 

Frédéric Mitterrand veut reprendre l'ouvrage sur la taxe Google

Après avoir inauguré le 45e Midem, le ministre de la Culture et de la Communication a assuré la filière musicale de son soutien. Selon lui, l'année 2010, avec la mise en place de la Hadopi et de la Carte jeune a posé des fondations. 2011 sera l'année de la construction et il redoublera d'efforts sur le financement de la diversité musicale à l'ère numérique. 

A cette occasion, il a annoncé son intention de ne pas abandonner la "taxe Google".

Aux géants de l'Internet,  "je veux rappeler qu'ils sont les débiteurs de ceux qui créent, de ceux qui composent, de ceux qui interprètent et transmettent les ?uvres culturelles. Je ne me résous pas à l'idée que ces créances, que vos créances, restent lettres mortes. Je n'accepte pas l'idée de notre impuissance à mettre à contribution les revenus vertigineux de la publicité en ligne qui sont réalisés en France par des acteurs opérant souvent à partir de territoires fiscalement "attractifs", a t-il déclaré.

Aux côtés de Christine Lagarde, et en concertation étroite avec les parlementaires qui partagent la même ambition, je compte donc remettre l'ouvrage sur le métier, sans me tromper de cible, mais sans me laisser intimider outre mesure par les obstacles techniques ou communautaires qui nous sont volontiers opposés".

Samedi 22 janvier

Michel Barnier déroule l'agenda européen sur la propriété intellectuelle

Difficile de prononcer un discours sur le droit d'auteur à l'ère numérique derrière David Guetta. Mais Michel Barnier  le commissaire européen au Marché Intérieur et aux services, pour le premier déplacement de sa cariière au Midem était venu annoncer pour le printemps la présentation d'une  « stratégie européenne pour la propriété intellectuelle » qui comportera des initiatives en matière de gestion collective des droits, de lutte contre le piratage...

David Guetta artiste connecté

Pour les professionels de la musique réunis au Midem aussi, le DJ David Guetta est une star. Il a fait salle comble à sa conférence au Midem samedi après-midi à Cannes. L'artiste français qui s'exporte le mieux dans le monde entier a "plus de 15 millions de fans sur Facebook. Je suis un des plus gros artistes sur Facebook.". C'est 13 millions de plus qu'il y a un an.

702.760 personnes le suivent sur Twitter où il poste ses mini-messages lui-même. Il compte beaucoup plus sur ces réseaux que sur son site Internet pour faire sa promotion, entouré d'une toute petite équipe, très impliquée sur Internet, sans avoir besoin de recourir à des agences et prestataires. 

Jean-Bernard Levy, Vivendi (Universal Music) voit le salut de la musique dans les pays émergents

Le PDG de VIvend, invité à une "conversation au Midem"  samedi après-midi ne voit pas d'autres moyens de continuer à créer de la musique qu'en produisant des enregistrements pour créer le lien avec le public. Les concerts seuls ne peuvent être une solution.

"Notre préoccupation est de continuer à avoir assez d'argent pour continuer à produire. Ces dernières années, Universal Music a coupé des coûts mais a maintenu ses budgets de développement d'artistes". Pas question de laisser la musique devenir une "commodité" et de laisser piller ses contenus. Il a regretté l'inaction de certains gouvernements, comme l'Allemagne, face au piratage, mais estimé que le mouvement lancé en Suède ou en France avec l'Hadopi  marquait l'amorce d'une tendance favorable.

Commentaire sur le site de microblog Twitter, retransmis en direct sur l'écran des conférences du Midem : "Universal Music monte toujours aux même arbres, demande des protectione et s'incline devant l'Hadopi". Signe que dans le public de professionnels de la musique du Midem aussi, le modèle traditionnel du disque est considéré comme devant évoluer.

Mais il a déjà évolué a rappelé le PDG de Vivendi : Universal Music Group tire aujourd'hui 30 % de ses revenus de modèles économiques qui n'existaient pas il y a dix ans. 

La musique est devenue une activité "globale" (comprendre mondiale). A l'époque du CD, "on ne vendait des disques que dans une quinzaine de pays développés, pour 20 % de la population mondiale. Il faut que nous puissions gagner une part des 80 % qui restent". 

Universal Music noue des accords avec des partenaires locaux dans les pays émergents, en particulier des opérateurs télecoms. Il vient de le faire en Inde avec Reliance, va lancer des services musicaux au Brésil avec GVT, opérateur qu'i vient d'acquérier au Brésil, ... et aussi  SingTel à Singapour. Les fournisseurs d'accès internet cherchent à différencier leurs offres avec la musique. "Ce sont de nouveaux revenus, pas un remplacement de ventes de CD, qui n'existaient pas" a souligné le patron de Vivendi.

Bref, Jean-Bernard Levy se dit un actionnaire heureux d'Universal Music Group, sans intention de se retirer d'un secteur en crise. Certes la décennie passée a été difficile et le chiffre d'affaires s'est réduit. Mais Universal Music est leader mondial, et a conservé une marge à deux chiffres sur la période, a t-il commenté. 

Sortir de l'impasse de la musique en ligne : Mark Mulligan, Vice Président et Directeur de Recherche de Forrester

Nous sommes à un nouveau "Napter moment " prophétisait pourtant l'analyste de Forrester Research,  samedi 22 janvier au matin au commencement des conférences du Midemnet. Napster : celui qui en 1999, a popularisé  l'échange de fichiers musicaux en ligne, ouvrant une décennie de déclin pour l'industrie musicale. 

Cette nouvelle rupture annoncée par Mark Mulligan, c'est celle de la génération des "Digital Natives", ces 12-15 ans qui n'ont jamais acheté de musique. Une génération ignorée des stratégies de l'industrie musicale. Pour l'analyste, il est temps de repartir à zéro et de changer complétement de modèle. Car avec eux, la bombe générationnelle est en train d'éclater pour la musique en ligne.

Dans une étude "Digital Natives: The Generation That Music Product Strategy Forgot" que vient de réaliser Forrester Research à partir de 14.000 entretiens en Europe, l'auteur démontre que jusqu'ici, les efforts des maisons de disques pour développer la musique en ligne se sont tournés vers les Millennials (ceux nés entre 1980 et 2000) et les derniers acheteurs de CD .

Cette stratégie conduit à une impasse : elle a échoué à compenser par les ventes en ligne, la baisse des ventes de CD, à créer un nouveau format adapté à ces nouveaux usages, et à endiguer le piratage. Le segment du marché de la musique numérique et téléchargeable reste une niche avec seulement 10% d'acheteurs Européens et 18% d'Américains.

L'auteur distingue trois générations aux comportements bien distincts :

· La génération de l'analogue : Agée de plus de 25 ans, elle a grandi avec le CD, le monopole des majors et des radios. Elle ne consomme la musique que de manière physique en se rendant en magasin et par l'influence des actions de communication de masse via les médias traditionnels. En 2010, 68% des Européens de plus de 25 ans ont écouté de la musique à la radio.

· La génération de transition : la clef démographique vers la consommation de musique numérique. Qu'importe les moyens pour acquérir de la musique, ils sont les pionniers du Peer-to-Peer. Ces Millennials, aussi appelés « Napster Generation », partagent entre eux du contenu gratuit. 25% des Européens entre 16 et 24 ans ont utilisé le peer-to-peer en 2010. Mais c'est aussi une génération qui achète des titres sur iTunes

· Les « Digital Natives » : ils ne connaissent la musique que dans un contexte numérique et souvent gratuit - un principe qu'ils ont largement intégré. La musique est un outil interactif, leur permettant d'animer leurs réseaux sociaux. 53% des Européens entre 12 et 15 ans regardent des vidéo-clip en ligne. Pour eux, la "killer application" pour la musique c'est YouTube, le site vidéo de Google. 

Pour ceux là, les milliards de dollars dépensés pour obtenir des droits pour commercialiser la musique en ligne l'ont été en pure perte. La propriété de la musique ne compte pas, elle fait partie de leur environnement, ils veulent la partager ; c'est l'expérience musicale qui compte. 

Les nouveaux produits musicaux, ceux qui toucheront cette génération montante, doivent donc être pleinement intégrés aux réseaux sociaux, être accessibles partout, permettre de participer. L'essor des jeux sociaux autour de la musique, qui permettent de remixer des titres, de les partager... illustre cette évolution.

Dans la conférence suivante, Naveen Selvadurai, le cofondateur de Foursquare,  le réseau de géolocalisation qui permet à tout moment de partager les lieux que l'on fréquente avec son mobile, n'a rien proposé pour la musique. Mais cet ancien de Sony Music illustre l'usage ominiprésent des réseaux sociaux dans tous les nouveaux modèles marketing. Dans une prochaine étape, il veut développer la "recommandation" , le "conseil" à son réseau d'amis et la musique pourrait en profiter.

Face à lui, Lee Epting, responsable des services contenus de l'opérateur Vodafone, imagine une collaboration avec un réseau comme Foursquare. Il peut être un point de départ communautaire pour vendre directement des services en micropaiement, prélevés sur la facture de l'opérateur.

Réinventer le business de la musique

Une nouvelle génération d'entrepreneurs commence à réinventer le modèle. Elle a partagé ses expériences avec le public du Midemnet.
Mathieu Drouin, fondateur de Crystal Math Management (Canada), a expliqué comment, pour un groupe, il a passé un accord avec Spotify, le site de streaming,  pour offrir le disque à 99 cents. Cela a permis de récolter  des adresses et des contacts de fans.  "Et quand nous sommes venus en Europe, nous avons vendu 44.000 places de concerts, contre 500 avant. Tout ça sans dépenser un rond, juste en offrant des contenus.". Plus facie à faire pour un artiste seul, que dans un grand groupe qui doit gérer un immense catalogue.

Pas sûr que Jean-Bernard Levy de Vivendi (Universal Music) partage l'idée que le contenu n'a plus de valeur, seuls le "contexte" et l'expérience comptent ?

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Commentaire 1
à écrit le 22/01/2011 à 15:32
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pas besoin d'être un "digital natives", de passer sa journée sur fesse bouc, pour intégrer que la musique est numérique et se trouve gratuitement.... à croire que les plus de 30 ans en sont encore au bon vieux tourne disque et qu'il faut aller chez u...

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