Le marché français du disque a rechuté en 2010

Par Isabelle Repiton à Cannes  |   |  462  mots
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Le marché de la musique enregistrée a encore baissé de 6% en 2010 pour les éditeurs. Le ralentissement de la chute en 2009 (-3,2%) et l'embellie du début d'année n'ont pas été durables.

L'année avait bien commencé. Ellle n'a pas tenu ses promesses. Les ventes de musique enregistrée avaient bondi de 8 % au premier trimestre,. Elles s'affichaient encore en hausse de 4,1 % sur le premier semestre 2010. Et c'était la première fois depuis 2002 que le chiffre d'affaires (gros hors taxes) des éditeurs de musique enregistrée progressait sur un semestre.

Mais 2010 s'achève sur une chute de 5,9 % a annoncé lundi matin au MIdem par le SNEP (Syndicat national des éditeurs phonographiques). Le chiffre d'affaires gros hors taxes des éditeurs s'établit à 554,4 millions d'euros. Depuis 2002, il a donc été quasiment divisé par trois (1,3 milliard d'euros). La tendance au net ralentissement observé en 2009 (-3,2 % ) après des chutes à deux chiffres ne s'est donc pas confirmée. Et le piratage continue.

Plusieurs explications à cette rechute :

- l'effet Michael Jackson. En 2009 son décès avait dopé les ventes. Hors effet "Michael Jackson",  le marché n'aurait chuté que de 2,5 % calcule le Snep. 

- une moindre fréquentation des magasins en fin d'année, avec la neige notamment. Or un disque vendu sur deux est destiné à un cadeau. Le marché de détail des ventes de disques a reculé en un an de 12,7 % selon le panel de magasins Gfk.

Le numérique à nouveau en hausse

Bonne nouvelle pourtant : le marché du numérique (sonneries, téléchargement, abonnement en ligne) enregistre une croissance de 14,1 % à 88,1 millions d'euros soit 16 % du chiffre d'affaires des maison de disques. En 2009. il avait baissé de 1,9 %. 

Le recul des ventes de sonneries téléphoniques continue ; mais le téléchargement est en forte hausse (+ 29%) et les revenus issus des modèles d'écoute en streaming ont explosé (+ 60 %) . L'abonnement à Deezer adossé à Orange depuis cet été en est sans doute le principal vecteur. Il annonce plus de 500.000 abonnés à son service "premium". 

Le streaming audio est le mode consommation de la musique en ligne utilisé par 61 % des consommateurs de musique en ligne et par 77 % des 15 - 24 ans, selon un sondage IFOP pour le SNEP.

Les majors produisent moins

Conséquence de ces huit années de déclin du marché : la production est en baisse. EMI , Sony, Unversal et Warner Music , en France ont commercialisé 946 albums contre 2.065 en 2005.

Toutefois, elles ont signé avec un peu plus d'artistes qu'en 2009 (88 contre 70) et rendu un peu moins de contrats (63 au lieu de 88). Ainsi après deux ans de solde négatif, le nombre de nouvelles signatures dépasse le nombre de contrats rendus. 

Mais année après année, le chiffre d'affaires généré par des nouveautés s'érode. Elles généraient près de 800 millions d'euros en 2003 pour les quatre majors. Moins de 250 en 2010. Les investissements en promotion et marketing ont, il est vrai, été divisés par trois depuis le milieu des années 2000.