TNT : France Télévisions privé de chasse au canal

Par Sandrine Cassini  |   |  654  mots
La Tribune Infographie
Le président de la république a décidé de ne pas réserver les nouveaux canaux proposés par le CSA au profit du service public.

Nicolas Sarkozy a mis un terme aux tergiversations de France Télévisions. Le président de la République recevait vendredi le Conseil supérieur de l'Audiovisuel (CSA) et le GIP France Télé Numérique, selon nos informations. À cette occasion, l'Élysée a précisé l'orientation du gouvernement vis-à-vis de l'appel à candidatures sur 6 nouvelles chaînes de la télévision numérique terrestre (TNT) lancé par le CSA. « Il n'y aura aucune préemption de l'État », indique-t-on dans l'entourage du président de la République. Le gouvernement a donc décidé de ne pas réserver, comme il en a le droit, de nouveaux canaux au profit de la télévision publique. À quelques mois de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a choisi de privilégier des nouveaux acteurs éventuels. Hormis le service public, treize groupes de médias ont des projets de chaînes dans les cartons.

L'Élysée n'a donc pas laissé à France Télévisions le temps de faire part officiellement de ses projets, ni au ministère de la Culture de prévenir le Conseil supérieur de l'audiovisuel en janvier, au moment des dépôts des candidatures d'une éventuelle préemption, comme il en avait l'intention.

Depuis quelques semaines, l'hésitation était de mise au sein du groupe audiovisuel public. Première option étudiée, le passage de France 5 en haute définition. Si l'objectif est inscrit dans le Contrat d'objectifs et de moyens (COM), qui définit pour cinq ans la stratégie de France Télévisions, « aucun calendrier n'a été fixé », indique-t-on au sein du groupe. En réalité, cette option, qui aurait entraîné à terme un surcoût de diffusion de 14 millions d'euros, n'était pas vue comme une urgence au sein de France Télévisions. De fait, certains dirigeants ne souhaitaient pas qu'elle hypothèque un autre projet, cher au coeur de Rémy Pflimlin, qui expliquait depuis quelque temps à qui voulait l'entendre toute la légitimité du service public d'avoir sa propre chaîne jeunesse.

En interne, la création d'une chaîne pour le jeune public était donc sérieusement étudiée, avec des arguments de nature à convaincre un État actionnaire, peu enclin à remettre la main à la poche. Ainsi, le coût de la grille aurait été marginal pour le groupe. « On finance plus que ce l'on diffuse », indique-t-on en interne. Hormis les coûts de diffusion HD, le groupe assure en interne que les frais supplémentaires se seraient limités à l'habillage, au management et à la régie.

Désaccord avec Lagardèrerave;re

Alléché par la perspective d'un nouveau venu, le syndicat des producteurs d'animation (SPFA) est récemment allé dire tout le bien qu'il pensait du projet à certains membres du CSA et du gouvernement. Sur le segment de la jeunesse, France Télévisions, pourtant premier investisseur dans l'animation avec 21,5 millions d'euros en 2010, ne touche que 15 % de l'audience enfants, selon les chiffres de Médiamétrie sur avril-juin, contre 20 % pour TF1 et... 12 % pour Gulli, la chaîne dans laquelle le groupe public possède une participation de 34 %.

D'ailleurs, la création d'une chaîne jeunesse était une alternative par rapport à la reprise des 66 % de Lagardèrerave;re, projet initial de France Télévisions. Lagardèrerave;re avait fait savoir qu'il n'était pas vendeur, mais le départ de Didier Quillot, le patron de Lagardèrerave;re Active, a fait renaître l'espoir au sein du groupe public. Mais il faudrait l'aval de l'État actionnaire sur l'opération. En attendant, France Télévisions est en désaccord avec Lagardèrerave;re sur le budget 2012 de Gulli. Lagardèrerave;re souhaite toucher un public plus généraliste, et donc investir sur les soirées. Du coup, France Télévisions est réticent à mettre de l'argent dans des programmes faisant de facto concurrence à ses propres antennes.