La ministre de la Culture Aurélie Filippetti rassure les professionnels du cinéma

Par Jamal Henni, à Cannes  |   |  559  mots
Aurélie Filippetti, la nouvelle ministre de la Culture et de la Communication, au Festival de Cannes lundi soir. Copyright AFP.
Pour son premier discours, la nouvelle ministre a pris la défense du Septième art et apaisé les craintes sur la réforme d'Hadopi.

Pour sa première sortie en tant que ministre de la culture et de la communication, Aurélie Filippetti a fait de la « calinothérapie ». La ministre a voulu rassurer les professionnels du cinéma réunis a Cannes pour le Festival du film, en particulier concernant l'avenir de la Hadopi, l'autorité de lutte contre le piratage sur Internet : « le respect du droit d'auteur et la rémunération de la création sont pour moi tout à fait fondamentaux ». Certes, des « adaptations » sont nécessaires, et Internet apporte des choses positives, mais « l'innovation devra se faire dans un cadre régulé ». Surtout, « c'est le ministère de la Culture et de la Communication qui aura la responsabilité de ce dossier », a-t-elle souligné, espérant sans doute couper court aux déclarations sur le sujet de sa collègue chargée du numérique, Fleur Pellerin.

Une « large concertation » et un bilan de la Hadopi
Aurélie Filippetti a répété qu'une « large concertation avec toutes les parties » serait lancée sur le sujet, mais n'a pas voulu indiquer sa durée, ni qui la conduirait - alors que circule le nom de Pierre Lescure, un des soutiens de François Hollande durant la campagne. En privé, François Hollande avait confié avant l'élection que cette concertation durerait au moins un an. Publiquement, la nouvelle ministre a juste promis « une nouvelle méthode de concertation, sans brutalité, sans précipitation, sans opération de communication qui ne débouche pas sur des réalités concrètes ». A cette occasion, sera effectué un « bilan » de la Hadopi, avec « ses forces et ses faiblesses ». Samedi, la veille de son arrivée au festival, Aurélie Filippetti avait déjà donné un gage aux pro-Hadopi : elle avait annoncé à son directeur de cabinet durant la campagne, Juan Branco, qu'il ne ferait pas partie de son équipe rue de Valois. Juan Branco était un militant anti-Hadopi de la première heure, ayant notamment été, en 2009, à l'origine d'une tribune anti-Hadopi par cosignée par Chantal Akerman, Victoria Abril, Catherine Deneuve, Louis Garrel, Chiara Mastroianni, et son père, le producteur Paulo Branco.

Une évolution de la chronologie des médias promise
Mardi matin à Cannes, la nouvelle ministre a aussi promis « une évolution » de la chronologie des médias, le système qui détermine l'ordre de diffusion des films sur différents supports : salles, DVD, télévision... « Ce travail se fera dans la concertation, sans précipitation. Nous sommes attachés à cette chronologie », a-t-elle promis. Elle a indiqué avoir abordé le sujet lors du festival avec la Commissaire européenne a la culture, Androulla Vassiliou. Enfin, la ministre a promis au monde du cinéma de les protéger face aux « géants de l'Internet » et à « une lecture européenne libérale axée sur la libre concurrence », qui « peuvent fragiliser notre écosystème qui a fait ses preuves ». Même si « des adaptations sont nécessaires pour faire face aux bouleversements du numérique ». Elle a notamment indiqué avoir discuté avec la Commissaire européenne du projet de réforme des subventions publiques au cinéma, un projet qui inquiète les professionnels. A la fin de son discours, ces derniers ont longuement applaudie celle qui s'est décrite comme une « amoureuse du cinéma », et sont repartis visiblement rassurés.