Le jeu vidéo tire la sonnette d'alarme... et demande de l'argent

Par Sandrine Cassini  |   |  577  mots
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Les députés Patrice Martin-Lalande (UMP) et Vincent Feltesse (PS), demandent une augmentation des dispositifs publics destinés au secteur. En quelques années, l'industrie a perdu la moitié de ses effectifs. Elle n'emploie plus que 5.000 personnes en France.

Qu'elle est loin la « french touch » du jeu vidéo, quand à la fin des années 90 des éditeurs comme Infogrames ou Kalisto faisaient la une des journaux. En quelques années, l'emploi dans le secteur a été divisé par deux. Les 250 PME françaises - dont la plus connue reste Ubisoft - ne font plus travailler que 5.000 personnes, et la situation n'est guère réjouissante en ce début d'année. Le syndicat national du jeu vidéo (SNJV) indique que le secteur a déjà enregistré 10 dépôts de bilan depuis janvier.

Mobilisation des parlementaires

Cette conjoncture difficile n'a pas laissé de marbre les parlementaires. Deux députés - Patrice Martin-Lalande (UMP), soutien historique des industriels du jeu, Vincent Feltesse (PS) et deux sénateurs André Gattolin (Verts) et Catherine Morin-Desailly (UDI) ont tiré la sonnette d'alarme, rameutant mercredi matin d'autres parlementaires - les députés Christian Kert (UMP), Franck Riester (UMP), Lionel Tardy (UMP), Julien Aubert (UMP) et Anne-Yvonne Le Dain (PS) - pour les sensibiliser sur la situation. Les quatre parlementaires demandent l'amélioration d'un dispositif existant, le crédit d'impôt jeu vidéo et « la création d'un fonds jeu vidéo dans le cadre de la banque publique d'investissement ». Une mission parlementaire commence jeudi.

Augmentation des dispositifs

Le député Vincent Feltesse a précisé : « Cette mission parlementaire aura comme travail d'évaluer l'utilisation de l'argent public [utilisé par le secteur]. Ainsi, les dispositifs publics coûtent 12 millions d'euros par an, une somme qui comprend le crédit d'impôt jeu vidéos et les dépenses du Centre national du cinéma. Nous voulons atteindre une enveloppe de 50 millions d'euros, en identifiant les structures publiques ou les dispositifs qui pourraient aider le secteur, comme la BPI, le CNC, le crédit d'impôt etc. ».

Lancé en 2003 par Patrice Martin-Lalande, le crédit d'impôt jeu vidéo est entré en vigueur en 2008. « Il concerne 20% de la masse salariale et un tiers de projets. Au Canada, ces crédits d'impôts sont calculés sur 37% de la masse salariale et bénéficient à 100% des projets », a précisé Nicolas Gaume, président du syndicat des jeux vidéos. Ce dernier est d'ailleurs bien placé pour témoigner des difficultés de l'industrie, sa société Mimesis venant de déposer le bilan, après un désistement de dernière minute de ses investisseurs. Ainsi, le patron de l'association, qui fonda à l'époque Kalisto, souhaiterait que le secteur bénéficie d'un fonds de 60 à 70 millions d'euros (financés par de l'argent public et privé), et qui serait placé sous l'égide de la BPI.

Evolution du crédit d'impôt

Patrice Martin-Lalande est le premier à assurer que le dispositif qu'il a créé doit évolué. « Il n'y a pas que le taux à faire évoluer. Il faut aussi que le crédit d'impôt permette de prendre en compte les nouvelles dépenses, et couvre la réalité des charges. Le Royaume Uni est en train de faire passer à un dispositif à 25% », a indiqué Patrice Martin-Lalande. De fait, le modèle économique du jeu vidéo a beaucoup évolué ces dernières années. Si le coût de développement de certains jeux a beaucoup baissé, avec l'avènement du mobile et des jeux en ligne sur les réseaux sociaux, les éditeurs doivent y consacrer des dépenses supplémentaires pour financer à plus long terme, des mise à jour.