Libération : la direction envisage de supprimer 93 postes

Par latribune.fr  |   |  593  mots
Dans une tribune publiée début août dans Libération, Laurent Joffrin (directeur de la publication) déclarait que "l'équilibre économique de Libération suppose une réduction de ses effectifs d'environ 60 personnes" sur environ 250 salariés, dont 180 journalistes. (Crédits : (c) Copyright Thomson Reuters 2011. Check for restrictions at: http://about.reuters.com/fulllegal.asp)
Présentation aux salariés des réformes privilégiant le numérique. Libération prévoit de réduire fortement ses effectifs, tandis que Le Monde envisage une transformation progressive sans suppression de postes.

Tournant historique pour deux grands noms de la presse quotidienne nationale française. Libération et le Monde doivent présenter à leurs salariés les modalités de leur passage au numérique.

La réduction des effectifs, objectif numéro un de Libération

Le directeur opérationnel de Libération - qui a vu ses ventes reculer à 95.000 exemplaires en juillet, en baisse de 5,6% sur un an -, Pierre Fraidenraich, a évoqué un "big bang" pour le journal.

Objectif numéro 1 de la direction: réduire les effectifs. Cette dernière a annoncé, lundi matin, envisager de supprimer 93 postes (81 CDI et douze CDD). Le directeur Laurent Joffrin.a précisé dans un communiqué qu'elle "veut aboutir à une rédaction unifiée entre papier et web de 130 journalistes".

Dans une tribune publiée début août dans son journal, Laurent Joffrin (directeur de la publication) et François Moulias (directeur général), déclaraient que "l'équilibre économique de Libération suppose une réduction de ses effectifs d'environ 60 personnes" sur environ 250 salariés, dont 180 journalistes. Cet objectif "devra être atteint en tout état de cause, faute de quoi les coûts salariaux resteraient impossibles à supporter", ajoutaient-ils.

"Clause de cession" ouverte aux salariés de Libération

Pour parvenir à réduire les effectifs, la direction a ouvert en août la "clause de cession", qui offre aux salariés voulant partir des indemnités améliorées tout en bénéficiant des allocations chômage. Jusqu'ici, seule une douzaine de candidats se sont déclarés, surtout des non-journalistes. Aussi la direction annoncera-t-elle ce lundi de "nouvelles mesures sociales", tandis que les syndicats craignent un plan de licenciements.

Autre réforme prévue: donner la priorité à internet sur le papier et fusionner les rédactions papier et numérique autour de cinq ou six "pôles multimédias". Une nouvelle version du site est prévue au premier trimestre 2015, ainsi qu'une nouvelle formule papier. D'autres projets sont à l'étude, dont une "Radio Libé" avec une fréquence nationale.

Des effectifs maintenus au Monde

À contrario, la direction du Monde s'est engagée cet été à maintenir des effectifs constants. La priorité sera donnée aux projets numériques pour tout nouveau recrutement. Si ses ventes ont reculé de 1,6% sur un an à 267.000 exemplaires en juillet, c'est l'un des titres qui résistent le mieux. Il connait une hausse régulière des abonnements numériques qui compense en partie le recul des ventes au numéro et des abonnements.

La direction du journal qui fête ses 70 ans avance prudemment, échaudée par une crise en mai sur son premier plan de mobilité qui prévoyait un passage rapide d'une cinquantaine de journalistes du papier sur les éditions web. Voulu par les actionnaires, et lancé rapidement par l'ex-directrice du journal, Natalie Nougayrède, il avait déclenché une fronde de la rédaction. La directrice avait démissionné. Elle est remplacée depuis par Gilles van Kote, directeur, et Jérôme Fenoglio, directeur des rédactions.

Le plan de réforme a été remanié. Avec au menu: une nouvelle formule papier pour le 6 octobre, une probable suppression du supplément "Télévisions" du week-end et la création d'une "chaîne Afrique" sur son site. Le Monde prépare aussi une édition numérique du matin pour appareils mobiles. Il a obtenu en mai 1,8 million d'euros du fonds Google pour la presse à cet effet.

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