Les journalistes, aussi dangereux que les terroristes ?

Par latribune.fr  |   |  367  mots
Le service de renseignement britannique chargé des écoutes électroniques est capable d'intercepter 70.000 mails en une dizaines de minutes.
Certains journalistes d'investigation seraient une menace pour le Royaume-Uni, au même titre que les hackers et les terroristes, à en croire un document du GCHQ, le service de renseignement britannique chargé des écoutes électroniques.

"Les journalistes et reporters de tous types de média d'actualité représentent une potentielle menace pour la sécurité". C'est en tout cas ce qui serait mentionné sur l'un des documents du service du renseignement britannique, la Government Communication Headquarters (GCHQ), documents exfiltrés par le lanceur d'alertes Edward Snowden et consultés par Le Guardian.

Entre hackers et terroristes

D'après le journal britannique, certains journalistes anglo-saxons, et plus précisément "les journalistes d'investigation spécialisés dans les questions de défense" seraient en effet recensés sur une liste d'individus jugés dangereux, entre hackers et terroristes.

Une matrice liste ainsi les journalistes en fonction de leur potentiel d'action (capability), et le degré de priorité avec lequel ils doivent être considérés, rapporte The Guardian. Un individu noté deux sur cinq en matière de potentiel d'action et trois sur cinq en termes de priorité représente finalement un "faible risque".

Les terroristes, classés immédiatement au-dessus des journalistes d'investigation sur la liste et présentant un potentiel d'action évalué à quatre sur cinq, mais avec une priorité de deux sur cinq, représentent en revanche un "risque modéré", reporte The Guardian.

Le document précise que "tous les journalistes qui tentent, d'une façon formelle ou informelle, d'obtenir des informations officielles protégées doivent être immédiatement signalés", en tant que "source de menaces".

70.000 mails interceptés

En novembre 2008, la CGHQ aurait également mis la main sur 70.000 e-mails reçus ou envoyés par des journalistes de rédactions anglophones et françaises. The Guardian, qui fait partie de la liste des médias concernés, mentionne notamment la BBC, Reuters, The New York Times, Le Monde, The Sun, NBC et The Washington Post. Certaines de ces correspondances, interceptées en l'espace de dix minutes, auraient été partagées avec l'ensemble des services de l'agence de renseignement britannique, cependant les journalistes n'auraient pas été ciblés intentionnellement.

Mieux protéger la liberté d'expression

Ces révélations sont une attaque de plus à la liberté d'expression, alors que la presse britannique exige un cadre réglementaire plus strict sur l'usage par la police de son pouvoir de surveillance.