Audiovisuel public : les députés votent la fin de la redevance

Par latribune.fr  |   |  417  mots
Lors de cette séance souvent agitée le ministre chargé des Comptes publics Gabriel Attal a exprimé son attachement à "un audiovisuel public fort", tout en qualifiant la redevance actuelle "d'outil obsolète". (Crédits : (c) Copyright Thomson Reuters 2010. Check for restrictions at: http://about.reuters.com/fulllegal.asp)
Les députés ont validé samedi matin la suppression de la redevance qui finance l'audiovisuel public, dans le cadre des mesures de soutien au pouvoir d'achat.

Malgré les craintes de l'audiovisuel public, les parlementaires ont tranché. Les députés ont validé samedi matin la suppression de la redevance qui finance l'audiovisuel public, dans le cadre des mesures de soutien au pouvoir d'achat. Le vote a été acquis par 170 voix contre 57, lors de l'examen en première lecture du projet de loi de finances rectificative pour 2022. Des amendements venus de la majorité et de LR ont été adoptés pour affecter à l'audiovisuel public "une fraction" de la TVA, pour un montant d'environ 3,7 milliards d'euros, dans le but de répondre aux inquiétudes sur son financement.

Lors de cette séance souvent agitée le ministre chargé des Comptes publics, Gabriel Attal, a exprimé son attachement à "un audiovisuel public fort", tout en qualifiant la redevance actuelle "d'outil obsolète""Nous assumons de supprimer des impôts qui pèsent sur les Français", a-t-il poursuivi. Les principales objections sont venues des rangs de l'alliance de gauche Nupes, où de nombreux orateurs ont notamment mis en exergue les risques pour l'indépendance du service public.

L'inquiétude des chaînes et radios publiques

Pour Inaki Echeniz (PS), cette suppression est une "mauvaise idée", tandis qu'Alexis Corbière (LFI) a souligné que garantir "l'indépendance de l'audiovisuel public est une condition de la démocratie". Le RN a de son côté appelé à aller plus loin que la suppression de la redevance, en privatisant l'audiovisuel public. "Une grande démocratie comme la nôtre n'a plus besoin d'un service public", a affirmé Caroline Parmentier. La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a fait valoir que "ce n'est pas la redevance qui garantit l'indépendance" mais l'Arcom (ex-CSA), l'instance qui nomme les dirigeants de sociétés de l'audiovisuel public.

Cet épineux dossier a suscité une grande crispation au sein de France Télévisions, de Radio France, de l'INA, d'Arte France, de TV5 Monde et de France Médias Monde. Un mouvement de grève s'était notamment organisé le 28 juin dernier, perturbant les antennes de radio et les chaînes de télévision du service public. « Supprimer la redevance au nom du pouvoir d'achat menace l'existence de l'audiovisuel public », alertaient les syndicats, la veille, insistant sur le risque de « précariser et paupériser l'audiovisuel public en le basculant sur le budget général de l'Etat, donc aux arbitrages et aux pressions politiques incessantes ».

(avec AFP)