La volonté d'Emmanuel Macron et du gouvernement de supprimer la redevance audiovisuelle suscite des inquiétudes au sein des chaînes de télévision et radios publiques. Il faut dire que si l'exécutif s'est empressé de faire cette annonce avant les législatives, il n'a pas, en retour, précisé par quoi il comptait la remplacer. Une possibilité semble désormais privilégiée. Ce mardi sur Franceinfo, Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics, a indiqué qu'une « fraction » de la TVA pourrait faire l'affaire. Celle-ci s'élèverait à 3,7 milliards d'euros. C'est-à-dire environ 500 millions d'euros de plus que le montant de la redevance pour cette année.
Alors que le projet de loi de finances rectificative est en cours d'examen au Parlement, plusieurs amendements déposés par la majorité soutiennent cette solution. « Je suis prêt à regarder cette piste-là, affirme Gabriel Attal, et probablement à lui donner un avis favorable lors de l'examen du texte si ça peut permettre de renforcer les garanties pour l'audiovisuel public sur les moyens et sur la visibilité. »
La crainte d'une perte d'indépendance
Alors que beaucoup redoutent que la suppression de la redevance accouche d'une perte d'indépendance des médias publics vis-à-vis de l'exécutif, le ministre s'est voulu rassurant. D'après lui, les subventions de l'Etat seront, quoi qu'il en soit, versées intégralement en début d'année. Ce qui empêcherait, sur le papier, le gouvernement d'utiliser ensuite ce levier pour faire pression sur les chaînes et radios publiques. En outre, Gabriel Attal souhaite apporter une « visibilité » sur ces financements. L'objectif est, ici, que l'audiovisuel public « sache » la « trajectoire » de son budget, et fasse ses choix en conséquence.
Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait jugé, pour sa part, que la redevance ne constituait pas un gage d'indépendance pour les médias publics. Pourquoi ? Parce que l'Etat complétait toujours leur budget à hauteur de « plusieurs centaines de millions d'euros par an », a argumenté le locataire de l'Elysée.
D'âpres débats à l'Assemblée nationale
La suppression de la redevance fait l'objet d'âpres débats à l'Assemblée nationale. La Nupes a déposé des dizaines d'amendements, privilégiant l'affectation d'une taxe progressive en fonction du niveau de revenu des citoyens. Des élus PS ont, de leur côté, déposé une proposition de loi pour « une contribution audiovisuelle, universelle et progressive » pour financer l'audiovisuel public plutôt que la suppression de la redevance.
Le dossier suscite une grande crispation au sein de France Télévisions, de Radio France, de l'INA, d'Arte France, de TV5 Monde et de France Médias Monde. Un mouvement de grève s'est notamment organisé le 28 juin dernier, perturbant les antennes de radio et les chaînes de télévision du service public. « Supprimer la redevance au nom du pouvoir d'achat menace l'existence de l'audiovisuel public », alertaient les syndicats, la veille, insistant sur le risque de « précariser et paupériser l'audiovisuel public en le basculant sur le budget général de l'Etat, donc aux arbitrages et aux pressions politiques incessantes ». Les députés vont, désormais, devoir trancher.
Sujets les + commentés