Média : après 40 jours de grève pour s'opposer à l'arrivée de Geoffroy Lejeune, un accord a été conclu au JDD

Par latribune.fr  |   |  654  mots
La fin de la grève a été approuvée par 94% de la rédaction (82 voix pour, 5 contre, 3 ne se prononcent pas). (Crédits : Reuters)
Les journalistes de l'hebdomadaire protestaient depuis le 22 juin contre la nomination de Geoffroy Lejeune comme directeur. Le groupe Lagardère, propriétaire du Journal du Dimanche, a annoncé qu'un accord a été conclu pour mettre fin à la grève.

L'activité du Journal du Dimanche doit reprendre dès aujourd'hui. Après plusieurs semaines de grève, un accord a en effet été conclu, a annoncé le groupe Lagardère ce mardi. « L'accord prévoit également la mise en place de conditions d'accompagnement pour les journalistes qui souhaiteraient quitter la rédaction », a ajouté le groupe.

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 « Nous, organisations syndicales représentatives de Lagardère Medias News (LMN) et Société des journalistes du Journal du Dimanche, avons signé dans la nuit du 31 juillet au 1er août avec la direction de LMN un protocole d'accord visant à mettre fin à la crise traversée par le JDD », a confirmé ce mardi la SDJ sur le réseau social X, ex-Twitter.

« Un dilemme douloureux »

La fin de la grève a été approuvée par 94% de la rédaction (82 voix pour, 5 contre, 3 ne se prononcent pas). S'il prend fin, le mouvement, inédit dans l'histoire du journal, a surpassé par sa longueur de 40 jours, notamment les grèves historiques d'i-Télé en 2016 (31 jours) et de Radio France en 2015 (27 jours), selon un décompte de Reporters sans frontières.

« Il nous coûte de le reconnaître, particulièrement auprès de nos lecteurs : si nous avons remis sur la place publique l'enjeu de l'indépendance des rédactions, face à notre actionnaire, nous n'avons pas gagné », a souligné la SDJ, dans ce texte au ton amer.

« Aujourd'hui, Geoffroy Lejeune prend ses fonctions. C'est dans une rédaction vide qu'il entrera. Des dizaines de journalistes refusent de travailler avec lui et devraient quitter le JDD », a-t-elle poursuivi. « Dans les prochaines heures, nous serons confrontés à un dilemme douloureux: partir ou rester », a ajouté la SDJ.

« Partir, c'est dire adieu à un titre qui, pour beaucoup d'entre nous, était devenu une deuxième famille. Rester, c'est reprendre le travail dans une rédaction dénaturée. Dans tous les cas, ce sera un choix de combat », a-t-elle estimé.

Dans les faits, le site du JDD doit reprendre son activité dès ce mardi, jour de la prise de fonctions officielle de Geoffroy Lejeune, directeur dont la nomination est à l'origine du mouvement social. La version papier du journal, elle, reviendra dans les kiosques « à partir de mi-août », a précisé Lagardère dans un communiqué.

Vivendi visé par une enquête

Ni vu ni entendu, Geoffroy Lejeune, journaliste marqué à l'extrême droite, était attendu mardi pour prendre ses fonctions au JDD en tant que directeur de la rédaction. Durant plusieurs semaines, les journalistes avaient fait part de leur refus d'être dirigés par un homme « dont les valeurs sont en totale contradiction avec celles du JDD ». Elle demandait en outre au groupe Lagardère d'« offrir aux journalistes des garanties d'indépendance juridique et éditoriale ».

Soutien d'Eric Zemmour à l'élection présidentielle, Geoffroy Lejeune, 34 ans, a été nommé pour succéder à Jérôme Béglé, qui doit pour sa part prendre mardi la tête de Paris Match. Même si Arnaud Lagardère, le patron du groupe, s'en défend, nombre d'observateurs voient dans cette nomination la main du milliardaire Vincent Bolloré, aux opinions réputées ultra-conservatrices. Vivendi, groupe de ce dernier, est en effet en train d'absorber Lagardère, propriétaire du JDD, de Paris Match et d'Europe 1, après une offre publique d'achat réussie.

Toutefois, la Commission européenne a annoncé la semaine dernière l'ouverture d'une enquête soupçonnant Vivendi d'avoir pris le contrôle de Lagardère avant l'accord de la Commission. Si les soupçons s'avéraient justes, Bruxelles pourrait infliger à Vivendi une amende pouvant atteindre 10% de son chiffre d'affaires total.

(Avec AFP)