Free veut dynamiter le marché du téléphone mobile

Par Delphine Cuny  |   |  689  mots
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La France aura, dès ce mardi matin, son quatrième opérateur mobile, qui a promis de diviser par deux les tarifs. Suivez en direct la conférence de presse de Free Mobile, très attendue par tous. Ses concurrents Orange, SFR et Bouygues Telecom sont prêts à l'affronter.

Après des mois d'un buzz savamment orchestré, c'est la fin du suspense ce mardi matin. Free tient une conférence de presse à son luxueux siège parisien à 8 h 30. Dans l'invitation "personnelle" adressée aux journalistes lundi matin, figure uniquement la page d'un dictionnaire imaginaire définissant l'adjectif « free », « Qui est libre, sans engagement, sans contrainte, sans limite, libéré, affranchi », puis le mot « frénésie »... Mais aucune mention de l'objet de la réunion du fournisseur d'accès à Internet, qui sera retransmise en direct sur Internet, ni d'allusion au service mobile que Free est tenu de lancer « au plus tard » le 12 janvier, selon les termes de la licence 3G qu'il a obtenue il y a deux ans.

Le réseau du nouvel opérateur couvre déjà plus de 30 % de la population en propre et 98 % grâce à l'accord d'itinérance nationale conclu en mars avec Orange, et qui lui permet de louer le réseau du premier opérateur français là où il n'a pas encore déployé ses antennes-relais.

Fidèle à son image d'agitateur du marché et de provocateur un brin hâbleur, Xavier Niel, le fondateur de Free et premier actionnaire de sa maison mère Iliad, a promis de diviser par deux les prix dans le mobile. Il l'a encore répété il y a peu, même s'il avait laissé entendre un temps que sa promesse valait pour les tarifs de 2008. Or, depuis 2007, la facture moyenne mensuelle de téléphonie mobile des Français n'a baissé que de 10 % selon les chiffres de l'Arcep, le régulateur des télécoms, à fin juin 2011. Niel a récemment ironisé sur les initiatives de ses concurrents qui ont « micro-baissé leurs prix de quelques pour cent », malgré le lancement d'offres low-cost spécifiques, et averti que « s'il y a déjà des offres à 10 euros sur le marché, nous aurons des offres à 5 euros. S'il y a des offres à 7 euros, il y aura des offres à 3,50 euros ».

Les attentes sont telles que le numéro trois français du haut débit ne peut se payer le luxe de décevoir. Il lui faut frapper les esprits. Il est possible qu'il se contente d'une offre unique, à un prix imbattable, la clé de son succès dans l'ADSL où il a su imposer le standard du « 29,99 euros » : ce pourrait être un forfait « tout illimité » (appels, SMS, Internet mobile) à 15,99 euros par mois, dont la rumeur circule depuis quelque temps - sans doute avec un bémol sur le trafic de données, le surf qui coûte cher en 3G mais pas en Wi-Fi. Les offres équivalentes sont au mieux autour de 30 à 40 euros à la concurrence. Free peut casser les prix sur la voix, historiquement facturée trop cher, y compris à l'international, et sur les SMS, au coût très faible, un peu plus difficilement sur la « data ». Tout est « une affaire de moyennes », explique-t-on chez Free, un calcul savant de probabilités de trafic moyen rapporté à une structure de coûts légère : pas ou peu de magasins (2 boutiques, à Rouen et à Troyes), peu de marketing, etc. Il sera ainsi possible de s'inscrire en ligne dès 9 h 30 sur le site Mobile/free.fr. Free aurait prévu de distribuer ses cartes SIM via les points relais Kiala.

Pas de durée d'engagement mais pas de package avec téléphone à prix bradé et subvention, un système dénoncé par le fournisseur d'accès. Free devrait cependant proposer à ses clients de s'équiper d'un appareil à prix coûtant, avec des facilités de paiement, un crédit gratuit sur 12 ou 24 mois, avec un partenaire qui pourrait être Sofinco-Finaref selon le site PC INpact. Mais on sait que les Français n'aiment pas payer leur téléphone, si sophistiqué soit-il, à plein tarif, et c'est peut-être sur ce terrain que les concurrents de Free axeront leur contre-attaque dans les semaines qui viennent. Faut-il s'attendre à un raz-de-marée ? Environ 26 millions de Français étaient libres d'engagement et pouvaient résilier sans frais, sur les 65 millions de clients mobiles, à fin septembre.
 

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