Free Mobile : Orange hausse le ton

Par Delphine Cuny  |   |  513  mots
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Les deux opérateurs se réunissent ce mardi lors d'un comité d'itinérance sous haute tension. Orange somme son client Free de prendre des engagements sur la montée en charge de son propre réseau mobile.

La tension monte entre Orange et Free : l'opérateur historique, qui a signé un accord commercial d'itinérance nationale 2G et 3G avec le nouvel entrant, compte taper du poing sur la table lors du comité qui se tiendra ce mardi après-midi. C'est le secrétaire général de France Télécom-Orange, Pierre Louette, qui va monter au créneau, devant Maxime Lombardini, le directeur général d'Iliad, la maison-mère de Free. Orange en a assez de supporter sur son propre réseau « près de 97% du trafic » des clients de Free Mobile, se plaint-il dans un courrier adressé à Iliad par la responsable de la division Opérateurs en France. Dans le contrat d'itinérance, le réseau d'Orange doit venir en complément de celui de Free en propre, qui est censé couvrir plus de 27% et même plus de 30% de la population, selon les mesures du régulateur, l'Arcep, en novembre.

Croissance "exponentielle" du trafic et plus de 1,5 million d'abonnés

Le problème qui se pose à Orange est « la croissance exponentielle du trafic » des abonnés de Free Mobile, d'autant qu'il affirme que ce dernier « n'applique pas le fair use de 3 Go » prévu dans son forfait, c'est-à-dire le plafond d'usage raisonnable au-delà duquel le débit est restreint, ce qui aurait causé déjà au moins un incident grave de saturation du réseau d'Orange début février. Plusieurs cas atypiques auraient été relevés dont une abonnée de Free Mobile ayant consommé 55 Go en trois jours ! Or selon plusieurs sources, Free aurait déjà 1,5 million d'abonnés, aux deux tiers environ au forfait illimité, donc gros consommateurs de données. Du coup, Free n'a cessé de demander plus de capacités à Orange, qui a dû doubler ses équipements de passerelles entre les deux réseaux (les « BPN »), et si le rythme actuel de recrutement des clients de Free se maintient, un problème de capacité se posera à la fin février. Orange somme donc son client de lui fournir un « schéma de prévisions de ses besoins capacitaires » et surtout l'enjoint de s'engager sur la montée en charge de son propre réseau.

La menace de l'arme atomique : la dénonciation du contrat d'itinérance

« L'utilisation actuelle de l'itinérance par Free est celle d'un opérateur virtuel, d'un full MVNO, pas d'un opérateur de réseau » estime-t-on chez France Télécom. Si cet accord va au final lui rapporter plus que prévu, Orange considère que Free ne remplit pas sa part de devoirs dans ce contrat. Si la réunion de mardi se passe mal, il n'exclut pas de porter l'affaire devant l'Arcep avant la fin de la semaine pour une explication contradictoire. Et brandit à mots couverts la menace de l'arme atomique, la dénonciation du contrat, ce qui reviendrait à couper l'itinérance, au moins sur le trafic data. Autant dire signer l'arrêt de mort du service commercial Free Mobile. Décidément c'est bel et bien la guerre dans le mobile.