« Pas de taxe Montebourg, Filippetti ou Pellerin SVP ! » plaident les télécoms

Par Delphine Cuny  |   |  579  mots
Pierre Louette, le nouveau président de la Fédération française des télécoms, par ailleurs directeur général adjoint de France Télécom. DR
Les dirigeants de la Fédération française des télécoms expliquent le message qu'ils vont aller défendre devant la nouvelle équipe gouvernementale. Le lobby du secteur espère surtout une stabilité après trois années d'augmentation de la pression fiscale.

Les taxes, les taxes, les taxes. La Fédération française des télécoms, qui a fait de la « sur-fiscalité spécifique », estimée à 25%, subie par les acteurs du secteur en France, son cheval de bataille, espère que l'alternance politique pourra se traduire par une accalmie, après trois années marquées par la création de nouveaux impôts, redevances et autres prélèvements de toutes sortes. « Nous demandons que le cadre législatif et réglementaire ne soit pas modifié à tout bout de champ et que la pression fiscale qui pèse sur notre secteur cesse de s'accroître» a expliqué lors d'un déjeuner de presse mercredi Pierre Louette, le nouveau président de la FFT, par ailleurs directeur général adjoint et secrétaire général de France Télécom. La fédération, créée fin 2007 et qui regroupe l'ensemble des opérateurs, à l'exception notable d'Iliad/Free et de Numéricable, a demandé aux équipes de Bercy un rendez-vous formel pour aborder les grands enjeux de ce secteur, qui investit 6 milliards d'euros par an, « soit plus que les autoroutes et le rail réunis. »

La « révision de la fiscalité des FAI » évoquée à Bercy
Le vice-président de la FFT, Geoffroy Roux de Bézieux, qui préside la commission « fiscalité et emploi » de la fédération, par ailleurs patron de Virgin Mobile, précise : « en d'autres termes, nous demandons qu'il n'y ait pas, s'il vous plaît, de taxe Montebourg, de taxe Pellerin ou de taxe Filippetti ! », du nom des nouveaux ministres en charge, respectivement, du Redressement productif (industrie), de l'Economie numérique et de la Culture. Pierre Louette confie avoir le sentiment que le nouveau Bercy est « plutôt à l'écoute », sur la foi des déclarations de Fleur Pellerin, qui a évoqué « une révision de la fiscalité des fournisseurs d'accès à Internet.»

Ces derniers ont en effet été mis à contribution pour l'arrêt (partiel) de la publicité à France Télévisions (« taxe télécoms »), ont vu la taxe professionnelle remplacée par la taxe Ifer (sur le réseau de cuivre ou les antennes pour les opérateurs mobiles), la TVA réduite supprimée sans diminution de la contribution au financement du cinéma (Cosip), qui a atteint un nouveau record en 2011... Geoffroy Roux de Bézieux relève que nombre de ces taxes ont pour assiette le chiffre d'affaires, et non les bénéfices, et ont donc « un effet pervers » pour les plus petits acteurs, « les PME, comme nous, les MVNO, qui se trouvent dans des équations économiques plus difficiles. »

« Pas de chantage à l'emploi »
« Nous aimerions que l'on ne nous regarde pas comme des « fat cats » (une expression anglaise pour désigner les « patrons surpayés » NDLR) mais comme des acteurs qui souffrent plus qu'il n'y paraît » plaide Pierre Louette, qui cite la baisse tendancielle du chiffre d'affaires du secteur, la concurrence des géants américains des services et la pression concurrentielle accrue depuis l'arrivée du 4e opérateur mobile, Free. Interrogé sur les rumeurs de plans sociaux en préparation chez certains opérateurs, Pierre Louette a déclaré solennellement que « jamais la fédération ne fera de chantage à l'emploi. » Tout en rappelant que France Télécom venait de recruter 10.000 personnes sur trois ans comme il s'y était engagé, et que le secteur représente 300.000 emplois, dont la moitié directs.