France Télécom : l'assemblée générale maintient le dividende

Par Delphine Cuny  |   |  971  mots
Stéphane Richard, le PDG de France Télécom, à l'assemblée générale du groupe mardi. Copyright AFP.
La résolution réduisant le dividende, déposée par les actionnaires salariés, qui espéraient le soutien de l'État, a été largement rejetée. Le PDG, Stéphane Richard, juge excessive la sanction de la Bourse due à l'effet Free Mobile.

Les syndicats et actionnaires salariés de France Télécom n'ont pas remporté leur pari mardi soir à l'assemblée générale de l'opérateur. Leur résolution proposant une réduction de 40 centimes du dividende à 1 euro, « qui n'a pas été agréée par le conseil d'administration », et qui a récolté quelques sifflets dans la salle du Palais des Congrès, a été rejetée à 85,17%, vers 19h30. Celle du conseil d'administration, maintenant le dividende à 1,40 euro, avait été juste avant approuvée à 93,7%.

Stéphane Richard, le PDG de France Télécom, était monté au créneau avant le vote. « Sur le dividende, je vais être très clair. Nous avons atteint tous nos objectifs en 2011. Il me semble donc normal de tenir l'engagement que nous avions pris vis-à-vis de vous de le maintenir à 1,40 euro. » Il a mis en garde contre le « mauvais raisonnement » des actionnaires salariés : « une réduction brutale du dividende aurait des conséquences directes sur notre capacité à accéder aux financements. Il ne faut pas oublier que nous avons encore 30 milliards d'euros de dette. » Le dividende sera d'ailleurs « ajusté » dès l'an prochain, pour tenir compte de « l'environnement contraint et incertain » mais « il n'est pas question pour nous de sacrifier notre effort d'investissement sur l'autel de la rémunération des actionnaires » a-t-il martelé.

Première « faute politique » du gouvernement aux yeux de la CFE-CGC déçue
L'Etat, premier actionnaire avec 26,9% du capital, dont 13,5% via le FSI, n'a donc pas voté comme l'espéraient les syndicats pour un dividende réduit. « Le gouvernement commet la première faute politique du nouveau quinquennat » ont réagi, amers, la CFE-CFC Unsa et l'Adeas, l'association de défense des actionnaires salariés, à l'origine de la résolution dissidente. « A quoi bon "un ministère du redressement productif" si c'est pour continuer de faire de France Télécom une vache à lait enterrant un peu plus la filière télécom ? » ont-ils fait valoir dans un communiqué mardi soir.

Des représentants syndicaux ont manifesté avant la tenue de l'assemblée sur le parvis du Palais des Congrès pour tenter de convaincre les actionnaires sur la nécessité de réduire le dividende pour investir davantage. « Arrêtez de traire la vache à lait » arborait sur une pancarte une délégué CFE-CGC Unsa déguisée en vache.

L'arrivée de Free Mobile, « un moment de grâce » chez Orange
En dressant le bilan de l'année 2011 et des derniers mois, Stéphane Richard est naturellement revenu sur l'arrivée de Free dans le mobile. Il a relevé que l'action France Télécom a baissé de 15% depuis janvier, « depuis l'arrivée de Free », et de plus de 20% pour Bouygues et Vivendi, « c'est une sanction sévère que je considère excessive. » Car l'opérateur leader a « mieux résisté » que les autres à Free Mobile a-t-il rappelé, même si « les effets de l'arrivée de ce nouveau concurrent restent en partie devant nous, la baisse des prix va se répercuter progressivement sur l'ensemble de notre base d'abonnés. » La directrice exécutive d'Orange France, Delphine Ernotte, a expliqué que « les tarifs de Free Mobile étaient plus bas, d'à peu près 5 euros, que ce que nous attendions, nous France Télécom, les opérateurs et les analystes. »

Mais elle a surpris en affirmant que « le jour de l'arrivée de Free, cela a été un moment de grâce dans l'entreprise. Car les équipes marketing avaient anticipé, ce qui nous a permis de réagir en deux jours, et notre riposte commerciale a renforcé l'esprit de corps chez les équipes de terrain. » A un actionnaire demandant si Free ne vendait pas à perte ses services, Stéphane Richard a répondu en ironisant : « le mieux, pour ne pas avoir de mauvaise surprise, c'est de ne pas être actionnaire de Free. » Xavier Niel, le fondateur de Free et premier actionnaire d'Iliad, appréciera : sa participation de 59,2% s'est valorisée de 13% depuis six mois, quand le cours de France Télécom a reculé de 19%, ...

Inauguration de la 4G le 21 juin à Marseille


Sur le plan de l'activité opérationnelle, Stéphane Richard a annoncé l'arrivée prochaine du très haut débit mobile : selon nos informations, il inaugurera la 4G à Marseille dans deux semaines, le 21 juin exactement. Il s'est aussi déclaré « clairement ouvert à toutes les discussions sur le partage de réseaux, avec tous ceux que cela intéresse en France. » Il a rappelé qu'Orange le fait déjà dans plusieurs pays (Royaume-Uni, Espagne, Pologne, Roumanie) soit « 30.000 sites [antennes-relais, NDLR] partagés sur 90.000 dans le monde », ce qui permet de réduire les coûts.

« Je préfère mon modèle économique à celui de Facebook »


Face à certaines actionnaires « très énervés » par le parcours boursier du titre, Stéphane Richard a relevé que « la capitalisation cumulée des 5 opérateurs historiques européens, France Télécom, Deutsche Telekom, Telefonica, Telecom Italia, KPN était de 200 milliards de dollars à fin 2011 soit moins que Google seul » s'est-il indigné. Il estime d'ailleurs qu'une « consolidation est inéluctable en Europe. Des mouvements s'amorcent, comme l'offensive d'America Movil sur KPN, qui sonnent peut-être comme le début d'une recomposition du paysage télécom européen».

Commentant l'actualité de ces acteurs des services Internet « over-the-top » que les opérateurs s'inquiètent de voir arriver sur leur terrain, il a observé que « le ratage de l'introduction de Facebook montre que le monde financier n'apprend rien de ses échecs. On se croirait revenu aux plus belles heures de la bulle Internet des années 2000. » Avant de conclure « je préfère mon modèle économique, qui génère de solides cash-flows, que celui de Facebook, dont on ne sait d'où viendront ses revenus dans 5 ou 10 ans. »