Chez Nokia, les têtes tombent et les pertes se creusent

Par Delphine Cuny  |   |  520  mots
Ces mesures sonnent comme un aveu d'échec pour Stephen Elop, le PDG de Nokia. DR.
Toujours à la peine, le géant fragilisé de la téléphonie mobile se sépare de trois hauts dirigeants et va supprimer 10.000 emplois supplémentaires. Il vend aussi sa marque de luxe Vertu. L'action Nokia s'est effondrée de 17,8% jeudi.

Nouveau coup de tonnerre au siège de Nokia, à Espoo en Finlande. Le géant de la téléphonie mobile fragilisé vient d'annoncer la démission de trois de ses plus hauts dirigeants : la responsable du marketing Jerri DeVard, recrutée il y a dix-huit mois, la responsable des téléphones d'entrée de gamme, Mary McDowell, et Niklas Savander, un des piliers du groupe, en charge des ventes et de la logistique. Des démissions à effet quasi immédiat (30 juin ou 1er juillet). Le groupe dirigé par le canadien Stephen Elop annonce aussi de nouvelles réductions de coûts et d'emplois dans sa division « Appareils et services », passant par la fermeture de son unique usine finlandaise, à Salo, de ses sites d'Ulm en Allemagne et de Burnaby au Canada : au total il prévoit jusqu'à 10.000 suppressions de postes (informatique, fonctions supports, etc) d'ici à la fin de 2013. Enfin, Nokia a conclu la vente de sa marque de luxe Vertu, au fonds d'investissement EQT et envisage la cession d'autres actifs non stratégiques. L'équipementier Nokia Siemens Networks (NSN), dont il détient 50%, pourrait être remis en vente.

Des pertes plus lourdes que prévu
A fin 2011, Nokia employait 134.000 personnes, dont 71.800 chez NSN et 54.850 dans la division Appareils et Services. « Ces réductions [d'effectifs] prévues sont une conséquence difficile des mesures que nous pensons devoir prendre pour assurer la compétitivité à long terme de Nokia » a commenté le PDG, dans le communiqué. Ces mesures devraient se traduire par 1 milliard de baisses des coûts supplémentaires. Nokia indique aussi que sa perte d'exploitation du deuxième trimestre sera pire que prévu et qu'au premier trimestre (plus de 3% du chiffre d'affaires). L'action Nokia, à la Bourse de Helsinki, s'est effondrée de 17,8% jeudi à 1,82 euro, au plus bas depuis 1996, contre 4,5 euros à l'automne dernier. Nokia gardera 10% de Vertu, sa filiale ultra haute gamme de téléphones en matériaux précieux montés à la main, qui emploie 1.000 personnes : cette marque à part entière, créée en 1998, a réalisé 266 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2011.

Un aveu d'échec pour le PDG Stephen Elop
Pour Stephen Elop, ces différentes mesures sonnent comme un aveu d'échec. Ce transfuge de Microsoft, arrivé aux commandes en septembre 2010, avait lui-même recruté l'américaine Jerri DeVard, ancienne de Verizon, pour secouer l'image de Nokia. Il n'a eu de cesse depuis son arrivée de réorganiser l'équipe dirigeante, sans succès sur le terrain. Si les nouveaux modèles ont plutôt reçu un bon accueil critique, ils peinent à percer face à l'iPhone d'Apple et aux Galaxy de Samsung. A l'approche du deuxième anniversaire de son mandat, son choix stratégique en février 2011 d'adopter Windows Phone, le système d'exploitation de Microsoft, pour unique plateforme des smartphones de Nokia, sans effet positif sur les ventes, risque d'être remis en question, au moins par les actionnaires. A moins qu'un prédateur ne vienne ramasser ce qu'il reste de l'ex-numéro un mondial de la téléphonie mobile, qui ne pèse plus que 6,8 milliards d'euros en Bourse...