France Télécom : les syndicats dénoncent 5.000 à 10.000 destructions d'emploi

Par Delphine Cuny  |   |  564  mots
Copyright Reuters
L'annonce par le PDG Stéphane Richard de 4.000 embauches au cours des trois prochaines années ne satisfait pas les représentants du personnel qui s'inquiètent des départs massifs à la retraite au cours de la période et au-delà.

Stéphane Richard, le PDG de France Télécom, avait prévenu il y a déjà plusieurs mois que l'opérateur historique ne recruterait pas autant dans les années à venir que depuis 2010 :encore affaiblie par la crise des suicides, l'entreprise avait lancé un «nouveau contrat social» passant par l'embauche de 10.000 personnes en trois ans. Mais lorsque le PDG a annoncé jeudi, lors d'une «rencontre multilatérale» avec les organisations syndicales, que la nouvelle politique de l'emploi tiendrait en un recrutement de 4.000 personnes en CDI entre 2013 et 2015, les représentants du personnel en sont ressortis ébahis. Même si le poids lourd des télécoms en France (70% des emplois de la filière) n'engage pas de plan de départs volontaires, à l'image de ses concurrents Bouygues Telecom (556 postes) et SFR (1.500 à 2.000 postes selon les estimations des syndicats), le solde sera largement négatif du fait des départs massifs à la retraite.

Sud suggère plutôt de supprimer le dividende
Ainsi le syndicat Sud dénonce dans un tract «5.000 emplois détruits en 3 ans dans le groupe France Télécom Orange» en relevant que «4.000 recrutements ne compenseront pas 9.000 départs». La fédération Sud déplore qu'«une fois de plus les solutions annoncées pour faire face à la crise sont d'abord de supprimer des milliers d'emplois. La première des solutions serait de supprimer les dividendes des actionnaires pour privilégier les investissements, aujourd'hui financés par les emprunts, et les emplois.» Stéphane Richard a déjà prévenu que la politique de distribution serait revue à la baisse en 2013 et l'a répété lors d'une réunion avec les investisseurs et les analystes courant septembre.

Au total, 10.000 postes supprimés selon l'Unsa
Pour le président de la CFE-CGC Unsa de France Télécom, Sébastien Crozier, ces suppressions d'emplois sont sous-estimées. «On oublie que chaque année, 1.000 à 1.500 salariés de droit privé quittent l'entreprise pour d'autres motifs. Aux 9 à 10.000 départs en retraite prévus entre 2013 et 2015, une estimation qui fait consensus, il faut en ajouter 4 à 5.000 supplémentaires. Ce qui fait plutôt 10.000 suppressions d'emplois en net», calcule-t-il. «Même si cela se fait sans violence sociale, sans départ forcé, c'est préoccupant», observe ce pourfendeur de longue date du dividende.

Selon la CFDT, 30.000 emplois en jeu, soit 30% de la filière
De son côté, la CFDT parle même de «30.000 emplois en jeu», en incluant tous les départs programmés d'ici à 2020. «Avec ces 30.000 départs naturels d'ici à 2020, ce sont presque 30% des effectifs de la branche des télécommunications qui disparaîtront», met en garde l'organisation syndicale, qui parle de «saignée». France Télécom emploie environ 105.000 personnes en France sur un total de 170.000 dans le monde. «Après bientôt deux années marquées par des accords sociaux novateurs et la reprise d'une politique de recrutement, les déclarations de l'entreprise en matière d'emploi constituent un retour préoccupant à deux décennies de fonte des effectifs (plus de moitié), même s'il n'y a eu aucun licenciement sec.» Toutes les organisations vont se réunir en intersyndicale le 15 octobre prochain pour agir de façon coordonnée. Sud en appelle même au gouvernement, demandant aux ministres Arnaud Montebourg (Redressement productif) et Fleur Pellerin (Economie numérique) d'organiser une table ronde sur l'emploi dans la filière.