Fin de l'Internet illimité : Orange dément

Par Delphine Cuny  |   |  493  mots
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L'opérateur affirme ne pas préparer d'offres à débits différenciés et assises sur des technologies d'espionnage des connexions, comme l'a écrit La Lettre A, reprise par le site Rue89.

 La rumeur s'est répandue comme une traînée de poudre. La Lettre A du 12 octobre indique qu'Orange « prépare activement des offres de débits différenciés » et qu'elle a utilisé pour ce faire la technologie dite du « Deep packet inspection » pour pister les connexions Internet des utilisateurs afin de « mieux cerner la consommation réelle et trouver des axes de différenciation des services. » L'information, reprise et complétée par le site Rue89, a alors enflammé le web sur le thème « Orange prépare la fin de l'Internet illimité à la maison. »

Un programme expérimental en accord avec la CNIL
La réaction de l'opérateur a tardé à venir. Vers 18h30, sur son compte Twitter, « Orange dément avoir le projet de commercialiser des offres de débits différenciés se basant sur l'utilisation du DPI. » Au siège de l'opérateur, on explique qu'il y a eu « un amalgame » et des « extrapolations complètes. » Orange a bien espionné les connexions d'abonnés mais selon un porte-parole, « dans le cadre d'un programme expérimental, qui s'est terminé en août, le panel Orange Préférence, mené avec le consentement explicite d'environ un millier de clients et en concertation avec la CNIL », la commission informatique et liberté, visant à adresser des publicités en fonction des profils et faire du marketing direct. « Ce pilote n'a pas vocation à être généralisé. L'objectif était de voir comment cela fonctionnait techniquement, il n'y a pas de modèle économique ni de projets d'offres commerciales » assure Orange.

Pas de projets d'offres à débits différenciés
Le démenti n'est pas aussi catégorique sur d'éventuels abonnements Internet avec débits différenciés, par exemple plus chers pour les internautes consommant beaucoup de bande passante, comme l'a fait l'américain AT&T (150 Go par mois pour le service de base, puis 10 dollars de supplément). « Il n'y a rien dans les cartons, nous ne préparons pas activement d'offres de ce type » affirme le service de presse d'Orange. Mais on ne peut jamais dire jamais, laisse-t-on entendre par prudence. Pour autant, il semblerait risqué pour un opérateur de lancer des forfaits limitant l'accès Internet non pas en volume mais à quelques catégories de services, comme cela se fait parfois sur le mobile, par exemple juste les moteurs de recherche et Facebook, et l'accès à Skype en option, comme l'écrit Rue89. Ce type de discrimination des services est attaquable juridiquement. Et si la neutralité de l'Internet n'est pas encore consacrée dans une loi, le gouvernement va convoquer une table ronde sur le sujet le 5 novembre. Cette réunion pourrait déboucher sur un projet de loi où serait institué le droit d'accès à un Internet neutre et suffisant, comme le préconisait le rapport parlementaire de Laure de la Raudière (qui a déposé une propositon de loi en septembre) et Corinne Erhel.