Arnaud Montebourg tire encore à boulets rouges sur Free

Par Delphine Cuny  |   |  524  mots
Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif. Copyright Reuters.
Le ministre du Redressement productif voit dans les difficultés d'Alcatel-Lucent l'effet de la course au low-cost due à l'arrivée du quatrième opérateur. Dans un entretien au magazine «L'Usine nouvelle», il considère que les prix cassés sont la cause du «capharnaüm» dans la téléphonie mobile.

Nouvelle salve d'Arnaud Montebourg contre Free Mobile. Le ministre du Redressement productif voit en Xavier Niel et la politique de prix bas du nouvel entrant la cause de tous les maux du secteur et même de la filière. Même s'il accuse avant tout l'ex-Premier ministre d'avoir choisi d'attribuer une quatrième licence de téléphonie mobile qu'il qualifie de « décision très grave ». Dans un entretien au magazine «L'Usine nouvelle», Arnaud Montebourg ne voit visiblement rien de bon dans l'arrivée de Free Mobile - dont il avait pourtant salué le lancement favorable au pouvoir d'achat des Français en janvier dernier sur son compte Twitter, lorsqu'il était dans l'opposition : « casser les prix peut sembler de bonne guerre, mais cela a eu pour conséquence deux plans sociaux annoncés, chez SFR et Bouygues, des destructions d'emplois dans la sous-traitance, la précarisation des travailleurs chez Free, les délocalisations accélérées dans les centres d'appels, l'aggravation des difficultés d'Alcatel. »

Alcatel-Lucent victime de Free Mobile ?
C'est en effet la thèse d'Arnaud Montebourg : l'équipementier Alcatel-Lucent, qui a réalisé moins de 8% de son chiffre d'affaires en France en 2011 et  vient d'annoncer 1.430 suppressions de postes dans l'Hexagone (soit 15% des effectifs) dans le cadre d'un plan portant sur 5.490 postes dans le monde, serait la victime de Free Mobile. « On a déstabilisé les opérateurs en place et placé Alcatel dans une situation de grande difficulté pour mettre en selle Huaweï et ZTE dans les systèmes de télécommunications européens », qui étaient cependant déjà fournisseurs de plusieurs opérateurs français depuis des années, en particulier dans le fixe. Accessoirement, Free a confié la construction de son réseau mobile à un équipementier européen, Nokia Siemens Networks, qui se porte dernièrement un peu mieux qu'Alcatel mais pour d'autres raisons, notamment une restructuration drastique de son portefeuille d'activités, dans un secteur mondialisé, souffrant de déflation. Mais selon Montebourg « la course au low-cost avec l'arrivée de Free a eu des conséquences sur les opérateurs, sur la sous-traitance, sur les fournisseurs. Et la situation d'Alcatel s'est aggravée : -40 % en un an en France. On ne peut le nier. Dans la téléphonie, nos prédécesseurs nous ont laissé un capharnaüm. » Et le ministre d'ajouter que le gouvernement « commence à y remettre de l'ordre. »

Le contrat d'itinérance Free-Orange dans le viseur
Il a annoncé, avec Fleur Pellerin, la ministre déléguée au numérique, début octobre une série de « mesures » en faveur de l'emploi et de l'investissement dans les télécoms qui sont plutôt de grandes orientations. Première manifestation concrète : la saisine de l'Autorité de la concurrence sur le contrat d'itinérance entre Free et Orange pour déterminer s'il faut lui fixer une date-butoir. Le contrat par lequel Free Mobile loue à Orange son réseau là où il n'a pas fini de déployer et qui lui permet d'investir à son rythme, est considéré par ses concurrents, en particulier Bouygues Telecom, comme un avantage concurrentiel démesuré.