Avenir du mobile en France : hausse des prix et moins d'opérateurs ?

Par Delphine Cuny à Montpellier  |   |  840  mots
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Les PDG de France Télécom et de SFR ainsi que le président du régulateur des télécoms, l'Arcep, ont débattu par discours interposés à la conférence DigiWorld Summit de l'avenir du marché mobile en France. Les prix devraient augmenter avec la 4G. La concentration pourrait aussi ramener le marché à trois acteurs.

 Il ne manquait que Free et Bouygues Telecom. Les patrons des deux premiers opérateurs français et le président du régulateur sont intervenus ce jeudi à la conférence DigiWorld Summit à Montpellier, pour évoquer l?avenir du marché mobile français, en plein bouleversement depuis l?arrivée de Free en janvier. Le PDG de SFR, Stéphane Roussel, n?y est pas allé par quatre chemins jeudi midi : « en France, nous avons clairement un nombre d?opérateurs trop élevé, déraisonnable à mon avis. » Combien en faut-il selon lui ? « Un seul, SFR, ce serait plus simple ! Sérieusement, peut-être trois. Ce n?est pas forcément le dernier le plus malvenu. Il faut toujours un « maverick « (un franc-tireur) pour secouer le marché. Le premier et le dernier ne sont pas les plus menacés. Tout le monde discute avec tout le monde, du premier au dernier » a-t-il déclaré, à l?heure où la maison-mère Vivendi poursuit sa revue stratégique et envisage de marier sa filiale.

La croissance du marché en volume profite à tous les opérateurs
« Faut-il un, deux, trois, quatre, cinq opérateurs ? Personne ne le sait, il n?y a pas de modèle établi. Dans les grand pays d?Europe, c?est 4 » lui a rétorqué quelques minutes plus tard Jean-Ludovic Silicani, le président de l?Arcep (lire son discours). Il a observé que « la taille du marché mobile français a crû de façon exceptionnelle ces derniers mois : il y a aujourd?hui 72 millions de clients, une croissance de plus de 7% en un an, la pus forte enregistrée depuis dix ans ». Comme l?ont montré les résultats du troisième trimestre des opérateurs (Vivendi mardi, Bouygues mercredi, Iliad la maison-mère de Free jeudi), « cette croissance profite non seulement au nouvel entrant mais aussi aux opérateurs mobiles historiques. » Du moins en volume : Orange a regagné 320.000 abonnés, Bouygues Telecom 124.000, SFR 44.000 et Free Mobile 805.000. En valeur, du fait de la baisse des prix, les chiffres d?affaires, et les bénéfices, reculent - sauf chez Iliad. « Si l?intensification de la concurrence a provoqué, en France, une baisse des prix, l?augmentation des volumes a contenu la baisse en valeur » relève le régulateur, ainsi « le repli global des revenus de détail de l?ordre de 3,4% sur un an est comparable à celui constaté dans d?autres grand pays européens », la contraction atteignant même 7% en Espagne avec la crise. Cependant, Jean-Ludovic Silicani note qu?il appartient aux opérateurs de « saisir une opportunité de sortie par le haut » avec la 4G : l?exemple du marché américain montre que le passage au très haut débit mobile peut être « l?occasion de mieux monétiser la consommation de données qui est devenue primordiale dans les attentes des utilisateurs. »

La 4G, un « effet waou » qui ne se vend pas à 20 euros
C?est bien le seul point d?accord entre le régulateur et les opérateurs : la 4G sera synonyme de prix plus élevés. « La 4G produit un effet « waou ». Le forfait ne peut pas se vendre à 10 à 20 euros. Il existe un vrai segment de clients prêts à payer pour cela », affirme Stéphane Roussel. SFR, qui avait allumé 3 antennes 4G dans le centre de Montpellier à l?occasion du DigiWorld, va ouvrir commercialement la 4G le 28 novembre à Lyon, puis ce sera au tour de Montpellier le 20 décembre, et de Marseille, Strasbourg, Lille et Toulouse au premier trimestre 2013. « Nous le faisons car il y a de l?espoir pour la 4G » considère le patron de SFR : « il y a cette niche de clients qui ne vont regarder que le prix, on ne sait si elle représentera 30% du marché, ou 50%, il y a aussi ce segment qui veut d?autres services. Nous allons passer d?un marché de masse à un marché plus sophistiqué, plus segmenté, il faut proposer une réponse quel que soit le profil de client. » Pour Stéphane Richard, le patron de France Télécom, « nous ne pouvons continuer de donner toujours plus pour toujours moins de revenus. Aucune industrie ne le peut. Nous devrons drastiquement changer notre structure de prix et enrichir la valeur de l?accès avec des services de contenus et de relation client. » Il a appelé à « une prise de conscience des opérateurs qui doivent stopper cette spirale infernale des prix et concevoir un nouveau modèle créateur de valeur.» Pour le patron de l?opérateur historique, « c?est en apportant de nouveaux services à nos clients comme la 4G que nous pourrons retrouver le chemin de la croissance. » Mais il a précisé que « retrouver notre capacité à faire les prix, cela ne veut pas dire augmenter les prix des services que nous offrons aujourd?hui à nos clients mais réussir à donner de la valeur aux services que nous leur proposerons demain. » Orange devrait annoncer le 21 novembre le lancement commercial de ses services 4G dans plusieurs villes de France.