Un câble va relier le Brésil à l'Europe pour contourner l'espionnage américain

Par latribune.fr  |   |  429  mots
La présidente brésilienne Dilma Roussef a jugé que ce projet de câble, qui coûterait 135 millions d'euros, était crucial pour "garantir la neutralité" d'Internet. (DR)
Un projet de câble sous-marin reliant le Brésil à l'Europe a été adopté lors du 7e sommet UE-Brésil. La présidente Dilma Rousseff, très remontée contre l'espionnage présumé des Etats-Unis, entend ainsi contourner le système d'écoutes mis en place par la NSA.

Le Brésil veut disposer de son propre câble sous-marin. Après les révélations sur l'ampleur de la surveillance des communications par la NSA, l'Agence de sécurité américaine, le pays de Dilma Roussef voudrait installer un câble sous-marin qui relierait Lisbonne, Portugal, à Fortaleza, Brésil.

C'est ce qu'ont annoncé le Brésil et l'Union européenne lundi, à l'issue du 7e sommet UE-Brésil organisé à Bruxelles. Le câble doit être installé d'ici à l'année prochaine, grâce à un partenariat entre l'entreprise brésilienne de télécommunication Telebras et l'espagnol IslaLink Submarine Cables, ainsi que des fonds européens et brésiliens.

Un câble à 135 millions d'euros

La présidente brésilienne Dilma Roussef a jugé que ce projet, qui coûterait 135 millions d'euros, était crucial pour "garantir la neutralité" d'Internet, et a souligné sa volonté de mettre les communications Internet brésiliennes hors de portée de la surveillance des Etats-Unis:

Nous devons respecter la vie privée, les droits de l'homme et la souveraineté des nations. Nous ne voulons pas que les affaires et les entreprises soient espionnées. Internet est l'une des meilleurs choses que l'homme a inventé. Nous nous sommes donc mis d'accord pour garantir la neutralité du réseau, un espace démocratique où on peut protéger la liberté d'expression.

Depuis les révélations, diffusées par le média brésilien TV Globo en septembre, selon lesquelles la NSA aurait espionné les communications de Dilma Rousseff, et de millions de Brésiliens, ainsi que du géant pétrolier Petrobras, la présidente fustige les programmes de surveillance américains. Elle a notamment différé une visite d'Etat à Washington l'an dernier pour protester contre l'espionnage de la NSA.

Réseau européen de communication

Du côté européen, les dirigeants sont sensibles aux préoccupations brésiliennes, dans la mesure où les documents révélés par l'ex-employé de la NSA Edward Snowden avaient montré que cet espionnage touchait aussi des institutions de l'UE, et jusqu'au propre téléphone de la chancelière allemande.

A la mi-février, Angela Merkel avait évoqué la création d'un réseau européen de communications pour éviter que les données personnelles transmises via Internet ne transitent par les Etats-Unis, même si le projet paraît encore difficile à réaliser.

La chancelière allemande, qui ne cesse de prôner une meilleure protection des données en Europe, tente également en vain de conclure un accord avec les Etats-Unis pour interdire l'espionnage réciproque.