Une fusion Bouygues-SFR aboutira-t-elle à des hausses de prix ?

Par latribune.fr  |   |  541  mots
Bouygues et Numericable sont tous deux sur les rangs pour acheter SFR à Vivendi.
Deux associations de consommateurs l'UFC Que choisir et CLCV redoutent qu'un marché avec trois opérateurs téléphoniques au lieu de quatre n'ait pour conséquence des hausses de tarifs voire une baisse de qualité de service.

Une moindre concurrence fera-t-elle flamber les prix dans les télécoms? La perspective d'un rachat de SFR par Bouygues inquiète des associations de consommateurs. L'opérateur a déposé une offre en ce sens et signé un accord avec Free pour lui céder ses antennes afin de se donner toutes les chances de la voir valider par l'Autorité de la concurrence

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a de son côté, appelé de ses vœux un tel mariage, considérant qu'il valait mieux un marché avec trois acteurs au lieu de quatre dans un contexte de forte concurrence mondiale. 

Le précédent autrichien

Si Bouygues Télécom parvient à ses fin, le marché serait donc contrôlé par trois opérateurs ( l'entité née de cette fusion, Orange, Free). Une éventualité qui "inquiète" l'UFC Que choisir. Son président, Alain Bazot, contacté par l'AFP explique:

"On peut avoir la crainte que les prix n'augmentent, ce n'est pas une hypothèse farfelue c'est ce qu'ont connu les Autrichiens" quand leur marché est passé de 4 à 3 opérateurs. 

Des opérateurs condamnés

Il a en outre souligné que "les clients en France ont beaucoup souffert de l'existence d'un cartel de trois opérateurs, qui avait réalisé une entente illicite" que l'UFC avait appelé à condamner. La "guerre des prix" n'a débuté qu'en 2012 avec l'arrivée de Free. 

Même son de cloche à la  CLCV. Son délégué général François Carlier, a estimé auprès de BFM TV que cette recomposition du secteur représentait

 "une solution risquée car avant il y avait trois opérateurs (...) ils ont été condamnés pour entente sur les prix, les prix étaient trop élevés. Et l'issue, cela a été une 4è licence qui a permis de faire baisser les prix (...) Si on revient à trois opérateurs, on risque d'avoir de l'entente, on risque d'avoir des prises de marge et une tarification trop élevée".

"Machines à cash"

De son côté, le ministre de la Consommation, Benoît Hamon a dit souhaiter que les conditions de rachat de SFR garantissent le maintien de "tarifs attractifs" pour les consommateurs. Il a affirmé qu'avant l'arrivée du 4e opérateur, les branches téléphonie mobile étaient "de véritables machines à cash pour leurs maisons-mères sans que les bénéfices dégagés n'aillent forcément à l'investissement", selon des propos rapportés par l'AFP.

Moindre qualité de service?

Autre effet redouté de la part de l'UFC: une baisse de la qualité de service si les réseaux de SFR sont absorbés par ceux de Bouygues. Or, rachat ou pas, les deux opérateurs ont déjà prévu de mutualiser leurs réseaux mobiles. on peut se demander "quelle est la capacité d'absorption de ce réseau, il y a une question de mise en oeuvre et donc de qualité de service", a lancé Alain Bazot. 

>> SFR et Bouygues scellent leur partage de réseau mobile

Quoi qu'il en soit, l'UFC a l'intention de demander une révision des conditions d'accès des opérateurs sans réseaux propres (MVNO), comme Virgin Mobile ou La Poste Mobile, au marché de gros.