Quand le soupçon de trafic de bébés d’un héritier japonais fait chuter les actions de l'entreprise de son père

Par latribune.fr  |   |  607  mots
Père de Mitsutoki, Yasumitsu Shigeta est le onzième Japonais le plus fortuné, selon Forbes. Son patrimoine net est estimé à 2,7 milliards de dollars.
Fils du fondateur et président du géant des télécoms japonais Hikari Tsushin, Mitsutoki Shigeta serait, selon la presse nippone, le père d'une dizaine d'enfants présumés nés de mères porteuses thaïlandaises.

11,4% en 11 jours: la chute à la Bourse de Tokyo du titre de la société Hikari Tsushin, géant des télécommunications japonais, est considérable. Échangée contre 7.610 yens le 7 août, l'action ne valait plus que 6.740 yens mardi en clôture.

À l'origine de cette débâcle, on ne retrouve ni les performances de l'entreprise, ni le comportement de son fondateur et président, le milliardaire japonais Yasumitsu Shigeta. Ce sont plutôt des soupçons pesant sur le fils aîné de celui-ci, le vingtenaire Mitsutoki Shigeta, que sont en train de payer les investisseurs.

"Usine à bébés"

À 24 ans, Mitsutoki se retrouve en effet au centre d'un scandale surnommé "l'usine à bébés". Selon l'hebdomadaire Shukan Post, il serait le père de neuf enfants découverts début août dans un appartement de Bangkok, en Thaïlande, et présumés nés de mères porteuses.

Les bébés vivaient dans un même immeuble avec neuf femmes. Une dixième, enceinte, a ensuite indiqué être une mère porteuse.

Fils du onzième Japonais le plus fortuné

Des rumeurs insistantes attribuant à l'héritier japonais la paternité de ces enfants circulaient d'ailleurs déjà depuis plus d'une semaine sur les forums internet en japonais, accompagnées d'une photo de l'individu, apparemment prise lors d'un contrôle d'immigration d'un aéroport, et d'une copie de son passeport.

Leurs effets sur l'action de Hikari Tsushin qui, en outre de gérer depuis 1994 un réseau de vente de téléphones portables à travers le Japon, vend aussi des appareils bureautiques aux entreprises ainsi que des services de télécommunications et prestations d'assurance, ne sont pas surprenants.

Mitsutoki Shigeta n'est pas seulement le fils du onzième Japonais le plus fortuné, selon le magazine Forbes, possédant des biens estimés à 2,7 milliards de dollars. Il détient lui aussi des actions de l'entreprise familiale, pour une valeur de 4,8 milliards de yens (34 millions d'euros), et pourrait même en prendre la tête, croit savoir le magazine japonais Shukan Post.

Le business local des mères porteuses

La découverte de "l'activité" présumée de l'héritier japonais tombe par ailleurs à un moment particulièrement sensible: juste après l'autre scandale d'un couple d'Australiens accusé d'avoir abandonné leur bébé trisomique à sa mère porteuse thaïlandaise.

Même si les autorités thaïlandaises insistent désormais sur le caractère illégal de la gestation pour autrui à dimension commerciale, et alors qu'elles préparent une nouvelle loi punissant l'infraction à cette interdiction de dix ans de prison, de nombreux couples étrangers venaient en effet jusqu'à présent en Thaïlande pour utiliser les services de cliniques de fécondation in vitro et des mères porteuses.

Plusieurs citoyens australiéns seraient même bloqués en Thaïlande dans l'attente de pouvoir partir légalement avec leurs bébés, au point que l'Australie aurait demandé à Bangkok d'accepter une période de transition pour protéger les accords déjà conclus par des Australiens avec des mères porteuses, rapporte l'AFP.

Un échantillon d'ADN remis à la police

Selon l'AFP l'homme, reparti au Japon, n'a pas pu être entendu par les enquêteurs en Thaïlande. Son avocat thaïlandais, Kong Suriyamontol, a toutefois remis lundi à la police thaïlandaise un échantillon de son ADN, "prélevé au Japon avec les autorités compétentes".

Contactée par l'AFP, une porte-parole de Hikari Tsushin s'est pour sa part refusée à tout commentaire, se bornant à déclarer que l'homme en question n'est "ni un employé ni un dirigeant" de la société.