Huawei perquisitionné en France, le groupe se défend de toute infraction

Par latribune.fr  |   |  778  mots
Le groupe se dit « confiant » quant aux conclusions de l'enquête menée par les magistrats du Parquet national financier (PNF). (Crédits : ERIC GAILLARD)
Les bureaux en France du géant des télécoms chinois Huawei ont été perquisitionnés mardi par les magistrats du Parquet national financier (PNF). Le groupe est déjà dans le collimateur des Etats-Unis et de la Commission européenne, qui le soupçonnent d'espionnage au profit de la Chine.

Huawei est dans le viseur des magistrats du Parquet national financier (PNF). Le géant des télécoms chinois a confirmé que ses bureaux en France ont été perquisitionnés mardi. « Huawei a pleinement coopéré avec les enquêteurs et continuera de le faire. Huawei est présent en France depuis plus de 20 ans et a toujours respecté l'ensemble des lois et réglementations françaises », a déclaré le groupe dans un communiqué envoyé jeudi. Il s'est dit « confiant » quant aux conclusions de l'enquête, révélée par un article du média en ligne L'Informé.

Des soupçons d'atteinte à la probité

La procédure porte sur des soupçons d'atteintes à la probité, a indiqué jeudi une source judiciaire. Mais, il n'était pas possible dans l'immédiat d'avoir plus de détails sur les faits reprochés à la société, dont le siège français est situé à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), à quelques pas du périphérique parisien. Les atteintes à la probité regroupent les infractions telles que la corruption, le trafic d'influence ou la prise illégale d'intérêts.

Challenges avait annoncé en avril 2022 qu'après un signalement en janvier 2021 de l'Agence française anticorruption (AFA) sur de possibles abus de biens sociaux et de la fraude fiscale, une enquête préliminaire avait été ouverte à Nanterre sur Huawei, confiée à la Brigade financière de Paris. Mais la source judiciaire a précisé jeudi qu'il ne s'agissait « pas d'une enquête émanant de Nanterre sur signalement de l'AFA ».

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Construction d'une usine en Alsace

Arrivé en 2003 en France, où le groupe chinois a ouvert six centres de recherche et un centre mondial de design à Paris, Huawei fait en ce moment construire une usine en Alsace, sa première hors de Chine, avec l'objectif d'y débuter « fin 2025 » sa production d'équipements pour réseaux télécoms mobiles.

La marque est  le premier équipementier mondial pour la 5G, cinquième génération de l'internet mobile L'entreprise revendique par ailleurs une part de 20% du marché français des infrastructures télécoms, malgré les fortes restrictions issues de la loi dite « anti-Huawei » de 2019, visant à prémunir les réseaux français de « risques d'espionnage, de piratage et de sabotage » permis par la 5G.

Placé sous surveillance par Washington et la Commission européenne

Le groupe basé dans la métropole de Shenzhen est depuis plusieurs années au centre d'une intense rivalité technologique entre Pékin et Washington. Les Etats-Unis, sans avancer de preuves, accusent l'entreprise de pouvoir espionner au profit des autorités chinoises, ce que Huawei conteste fermement. Le géant des Télécom figure aussi depuis le 1er février sur une liste noire du Pentagone, ce qui l'exclut de tout futur contrat militaire américain et le soumet à une surveillance accrue. Pékin a sans surprise condamné l'initiative.

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En juin, la Commission européenne avait aussi estimé que les fournisseurs chinois d'équipements télécoms, dont Huawei, représentaient un risque pour la sécurité de l'Union européenne. L'équipementier avait alors jugé « discriminatoire » le fait d'être qualifié de fournisseur à risque par la Commission européenne, qui a recommandé de l'exclure des réseaux mobiles européens. « La mise en place de restrictions ou d'exclusions fondées sur des jugements discriminatoires pose des risques économiques et sociaux importants. Elle pourrait entraver l'innovation et fausser le marché européen », avait-il réagi dans un communiqué. « Nous ne pouvons pas nous permettre de maintenir des dépendances qui pourraient devenir des armes contre nos intérêts. Ce serait un trop grand risque pour notre sécurité commune », avait alors déclaré le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton d'une conférence de presse à Bruxelles.

« Désigner publiquement une entreprise comme un "fournisseur à haut risque" sans fondement juridique va à l'encontre des principes du libre-échange. Cette qualification discriminatoire (...) ne devrait jamais être appliquée sans procédure justifiée et sans audition adéquate », répliquait l'entreprise. « La cybersécurité est la priorité absolue de Huawei », affirmait encore le groupe chinois qui « reste déterminé à fournir des produits et des services certifiés et fiables (...) au service de millions d'Européens. »

Dans la même idée, mi-janvier, le Parlement européen avait « demandé au Conseil et à la Commission d'interdire l'utilisation d'équipements et de logiciels produits par des fabricants établis en République populaire de Chine pour les fonctions de réseau de base ».

 (Avec AFP)