Pourquoi les aberrations actuelles des marchés financiers ne vont pas durer longtemps

Par Par Marc Fiorentino, d'Allofinance.com  |   |  570  mots
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La hausse simultanées de tous les marchés à risque n'est ni saine, ni cohérente. Il va falloir qu'un réajustement se produise. Soit par la baisse des actions ou des actions ou des matières premières, soit par une remontée du dollar. L'analyse de l''ex-trader Marc Fiorentino.

Qu'est-ce qui fait monter les actifs dits à risque, de l'or à l'euro, en passant par les matières premières alimentaires et les actions ? Les perspectives d'une croissance mondiale en accélération ? Peu probable. L'inflation ? Oui pour l'or, non pour les actions ; ce devrait être même le contraire. Un contexte géopolitique favorable ?... Ce n'est pas tout à fait le cas actuellement...

Non. Ce qui pousse les marchés depuis quelques semaines, c'est une nouvelle injection massive de liquidités. Alors qu'on aurait pu craindre un impact négatif de l'anticipation de la fin du "Quantitative Easing 2 (QE2)" de la banque centrale américaine et qu'on ne sait toujours pas si elle pourra lancer un troisième programme de planche à billets, un robinet s'est ouvert au Japon. Une conséquence directe du drame de Fukushima : le "come back" massif du "carry trade" sur le yen. Une source qui semble inépuisable de liquidités et qui a porté le dollar australien, l'or, l'argent et tous les autres actifs dits à risque à des niveaux record.

Les opérateurs empruntent massivement du yen à 0%. Ils savent que, compte tenu de l'impact de Fukushima, il n'y a aucun risque sur les dix-huit mois à venir, voire plus, que les taux d'intérêt à court terme japonais montent même de 0,25%. Ils vendent ensuite le yen. Le risque bien évidemment, c'est de vendre le yen et que le yen flambe, par exemple sur des rapatriements massifs d'investissements étrangers par des compagnies d'assurances japonaises. Or ce risque a temporairement disparu quand les grandes banques centrales sont intervenues de concert avec la Banque du Japon pour vendre du yen. Elles ont même indiqué clairement qu'elles ne voulaient pas que le yen monte. Petite parenthèse. Les banques centrales ont réalisé leur opération de l'année ! Elles ont acheté environ 25 milliards de dollars autour de 76 yens et la parité dollar/yen est aujourd'hui de 85 yens pour 1 dollar. Soit un gain de 12% en un mois !

Reprenons. Emprunt de yen à 0% sans risque de taux, vente du yen avec un risque de hausse limité par les banques centrales. Et en vendant le yen, on achète tout et n'importe quoi. Toutes les monnaies qui rapportent plus que zéro, de l'euro au real brésilien en passant par la livre sterling. Tous les actifs "à risque" car on sait que, quand une source de liquidités abondante s'ouvre, ce sont ces actifs qui flambent.

Trop facile ? Oui. Mais tant que cela fonctionne, tout le monde veut en profiter. Un jour. Une semaine, un mois ou un trimestre. Je ne crois pas qu'il y ait une raison fondamentale qui permette d'expliquer la hausse simultanée de tous les marchés. Les investisseurs fonctionnent comme les chercheurs d'or. Dès qu'une pépite est découverte, ils se ruent tous au même endroit et font flamber le prix des terrains et du matériel... Quand ils découvrent qu'il n'y avait en fait qu'une seule pépite, la première, c'est la débandade. Ce qui se passe actuellement sur les marchés n'est ni sain, ni cohérent. Il va falloir qu'un réajustement se produise. Soit par la baisse des actions ou des matières premières, soit par la hausse du dollar. Mais les aberrations ne peuvent durer longtemps. Il est toujours temps d'aller à contre-courant mais attention à ne pas être le dernier debout quand la musique va s'arrêter.