Ce que risque vraiment la Madoff "made in France"

Par Julien Bonnet et Romain Renier  |   |  445  mots
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Sylviane Hamon, surnommée la "Madoff en jupons", risque jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende. Mais la procédure d'indemnisation des victimes s'annonce longue et délicate.

Ce jeudi matin, une cinquantaine de victimes de la "Madoff en jupons" étaient réunies à la gendarmerie de Chinon (Indre et Loire) à l'initiative de l'Association d'aide aux victimes d'infractions pénales (Adavip) locale. Mandatée par le procureur du tribunal de Tours en charge de l'affaire, l'association doit coordonner l'aide aux victimes.

La réunion a duré deux heures et aucune victime n'a souhaité s'exprimer à la sortie. "Ils sont venus chercher une réassurance. Ils sont réellement abasourdis, déçus et honteux et dans une situation psychologique pour certains très délicate", a déclaré Marie-Paule Carrey, directrice de l'Adavip à la sortie de la gendarmerie. D'après elle, les victimes ont pris conscience qu'elles ne reverraient sans doute jamais leur argent.

Pour l'heure, une trentaine de personnes auraient déjà porté plainte contre l'ancienne conseillère municipale de Benais (Indre et Loire), en qui "ils avaient confiance", selon les termes employés par Marie-Paule Carrey.

Licenciée pour faute grave par la BNP en 2007 selon Ouest-France, Sylviane Hamon promettait à ses victimes des placements offrant jusqu'à 30% de rendement. Sans emploi, elle prétendait travailler pour le compte d'une société de crédit et expliquait tenir ces placements juteux de ses contacts dans le milieu bancaire.

Pour honorer ses engagements, elle versait les intérêts aux anciens épargnants en utilisant le capital versé par ses nouvelles victimes présumées.

Cet habile stratagème, appelé chaîne de Ponzi, fait écho à l'affaire dans laquelle était impliqué Bernard Madoff. Arrêté en décembre 2008, ce financier américain avait organisé un système de fraude pyramidale estimée à 65 milliards de dollars. Son procès au pénal s'est soldé par une condamnation à 150 ans de prison prononcée par le tribunal de New York le 29 juin 2009.

Sylviane Hamon, qui aurait soutiré à des amis, des voisins et même à des membres de sa famille entre 2 et 3 millions d'euros risque quant à elle trois ans d'emprisonnement et 375 000 euros d'amende.

L'escroquerie, qui courrait depuis 2007, a pris fin mardi, avec son arrestation et sa mise en examen pour abus de confiance et exercice illégal de la profession de banquier. Le juge des libertés et de la détention a considéré que la nature des chefs d'accusation justifiait son placement en détention provisoire. Soupçonné de complicité et arrêté, son mari a été remis en liberté sous contrôle judiciaire mercredi.

La Tourangelle n'est pas la première Madoff "made in France". En 2009, un premier "disciple" du financier new-yorkais avait été arrêté à Evry pour des faits similaires. Ancien directeur d'une agence bancaire de l'Essonne, l'homme avait floué ses anciens clients, principalement des personnes âgées.