Immobilier : les taux dépassent les 2%, une première depuis sept ans

Par latribune.fr  |   |  533  mots
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Le taux d'intérêt moyen des crédits immobiliers en France s'est établi à 2,05% en octobre, un niveau au haut plus depuis près de sept ans, selon le tableau de bord de l'observatoire Crédit Logement/CSA publié jeudi. En décembre dernier, le taux moyen était presque deux fois inférieur, à 1,06%.

La rapide hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) fait grimper les taux immobiliers en France à un niveau qui n'avait plus été observé depuis sept ans. Selon le tableau de bord de l'observatoire Crédit Logement/CSA, le taux d'intérêt moyen des crédits immobiliers en France s'est établi à 2,05% en octobre. Un niveau, qui reste encore très bas, mais qui constitue un plus haut depuis février 2016 où les taux s'élevaient en moyenne à 2,07%. Dans le détail, les taux des prêts ont tous augmenté, quelle que soit leur durée à l'octroi. Ils étaient en moyenne le mois dernier de 1,92% sur 15 ans, 2,06% sur 20 ans et 2,17% sur 25 ans.

Cette hausse est extrêmement rapide. En décembre dernier, le taux moyen était presque deux fois inférieur, à 1,06%. Le taux d'intérêt moyen des nouveaux crédits immobiliers est aussi suivi de près par la Banque de France. Sa dernière « estimation avancée » pour septembre faisait état d'un taux moyen de 1,72%, contre 1,10% en décembre 2021. Les données pour le mois d'octobre seront publiées vendredi.

Taux d'usure

La Banque de France est en première ligne car c'est à elle que revient le calcul du taux plafond pratiqué par les banques : le taux d'usure. Il est depuis le 1er octobre à 3,05% pour un emprunt de 20 ans et plus, tous frais compris. Ces taux plafonds sont sous le feu des critiques, notamment des courtiers qui y voient un frein à l'accès au crédit immobilier. Un de leurs syndicats était même allé jusqu'à manifester le 20 septembre devant le siège de la Banque de France à Paris pour lui demander de faire un geste. La durée moyenne des prêts est aussi en augmentation, selon l'Observatoire. Elle franchit la barre symbolique des 20 ans (244 mois), un niveau « jamais observé par le passé ». La production de crédits aurait quant à elle atteint un point haut.

« Malgré une revalorisation du taux d'usure, la production de crédits n'arrive pas à rebondir », constate l'Observatoire. La production de crédits « mesurée en niveau annuel glissant était en baisse de 10,7% à fin octobre, (...) et le nombre de prêts accordés reculait de 12,9% », précise-t-il.

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La hausse des taux se poursuivra

La hausse devrait continuer puisque la BCE entend continuer sa politique de resserrement monétaire pour lutter contre l'inflation galopante, qui a frôlé les 10% en septembre. Comme d'autres banques centrales, la BCE riposte par des mesures visant à freiner la demande en rendant le crédit plus coûteux pour les ménages et les entreprises. La hausse des taux, en effet, a pour but de faire ralentir la consommation en poussant à la hausse les taux d'intérêt des prêts, qu'ils soient immobilier, étudiant, à la consommation. Dans un contexte de ralentissement économique, c'est un choix délicat, mais les gardiens de l'euro estiment que laisser les prix grimper est encore plus néfaste que de durcir les conditions de financement. Depuis juillet, la BCE a relevé de 2,0% et de nouvelles hausses interviendront a prévenu Christine Lagarde, la présidente de la BCE.