La crise a laissé des traces sur le patrimoine des ménages

Par Fabien Piliu  |   |  585  mots
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Selon l'Insee, la récession a entraîné une forte baisse de la détention des valeurs mobilières par les ménages. En outre, la modification de la fiscalité des plan d'épargne logement (PEL) s'est traduite par une désaffection pour ce type d'épargne. L'immobilier et l'assurance-vie restent plébiscités.

D'abord les chiffres. Selon le dernier numéro d'Insee Première publié ce mardi, 94,7 % des ménages vivant en France possèdent un patrimoine en 2010. Précisément, 92 % d'entre eux détiennent des produits financiers, 61,7 % disposent d'un bien immobilier et 15,7 % ont des actifs professionnels. Selon la division revenus et patrimoine des ménages de l'Insee qui a rédigé cette étude, 13 % des ménages possèdent les trois à la fois. A noter, les actifs professionnels relèvent d'une logique patrimoniale différente : en détenir n'est pas un moyen d'investir mais est surtout lié à une activité professionnelle, présente ou passée.

Selon cette étude, 20% des ménages détiennent des valeurs mobilières en 2010, contre un quart en 2004. Ce repli concerne à la fois le compte-titres ordinaire et le Plan d'Épargne en Actions (PEA). « Pour la première fois depuis sa création en 1992, ce dernier recule. La crise financière et la forte chute des indices boursiers qui s'en est suivie peuvent avoir incité des ménages à se retirer de ces produits risqués et à se replier sur des produits potentiellement moins rentables mais plus sûrs », expliquent Hélène Chaput, Kim-Hoa Luu Kim, Laurianne Salembier et Julie Solard, les auteurs de cette étude. Parmi ces produits, on peut notamment citer les livrets A ou Bleu.

On peut aussi citer l'immobilier. De fait, la part de ménages propriétaires de leur résidence principale, et plus généralement d'un bien immobilier. Les détenteurs de leur résidence principale représentent 58 % de l'ensemble de la population, et les ménages possédant une résidence secondaire ou de l'immobilier de rapport 18,7 %.

De plus, sans réelle surprise, compte tenu de la fiscalité attractive de ces produits et de leurs rendements, le succès de l'assurance-vie ou de l'assurance décès volontaire ne se dément pas. En 2010, 41,8 % en possèdent au moins une, contre 35,3 % en 2004 et 34,6 % en 1998. Au total, le montant global de l'épargne en assurance-vie s'élève à environ à 1.330 milliards d'euros.

En revanche, les produits d'épargne-logement sont ceux qui ont connu le plus net repli ces six dernières années. Alors qu'en 2004, comme en 1998, plus de quatre ménages sur dix détenaient de
l'épargne-logement, ils ne sont plus que trois sur 10 en 2010. Cette désaffection concerne quasiment exclusivement le Plan d'Épargne-Logement (PEL), détenu par moins d'un ménage
sur quatre. Deux changements législatifs sont susceptibles d'expliquer en partie cette évolution : depuis fin 2002, le bénéfice de la prime d'État est soumis à l'utilisation du droit à prêt ; par ailleurs, le PEL a subi, début 2006, un changement de régime fiscal et social.

« Auparavant, les intérêts des PEL étaient exonérés d'impôt sur le revenu et n'étaient soumis aux prélèvements sociaux que lors de leur clôture. Depuis début 2006, les intérêts des PEL de plus de 10 ans sont assujettis aux prélèvements sociaux chaque année, et ceux des PEL de plus de 12 ans sont aussi imposables sur le revenu », rappelle l'Institut.

Le PEL s'est ainsi recentré sur son objet premier : faciliter l'acquisition d'un bien immobilier. Par conséquent, certains des ménages qui l'utilisaient comme simple placement d'épargne ont transféré leurs actifs vers d'autres supports. Il en a résulté une décollecte massive et une forte baisse d'encours depuis janvier 2006, qui découle en partie de la fermeture de plans de plus de 10 ans.