Un livret A à 2,75% au 1er février ?

Par Alexandre Phalippou  |   |  916  mots
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Avec une inflation à 2,5%, le livret préféré des Français devrait être encore plus attractif qu'aujourd'hui. Sa rémunération sera réévaluée au 15 janvier et devrait passer de 2,25 à 2,75%

Voilà de quoi consoler un peu les épargnants français qui vont subir la hausse des prix. Le renchérissement des prix dans l'alimentation, le tabac et l'énergie en novembre a poussé l'inflation en France à 2,5% sur un an, un niveau qui devrait se maintenir début 2012 selon des économistes.

Conséquence : le livret A, le placement détenu par le plus grand nombre de Français, devrait monter à 2,75% début février. En effet, la formule servant à déterminer sa rémunération prend le meilleur de deux calculs : une moyenne de taux, d'une part (qui se situe encore à des niveaux très faibles, d'autant plus que la BCE a baissé ses taux), et la hausse des prix augmentée d'un quart de point. Le nouveau taux sera déterminé le 15 janvier pour une application au 1er février 2012. Et à condition que le ministre des finances entérine ce nouveau taux.

Une inflation à 2,5%, qui semble se confirmer en début d'année prochaine, devrait donc permettre à ce livret, plafonné à 15.300 euros, de passer de 2,25% à 2,75% par an. Soit un demi-point de mieux. De quoi donner un nouveau coup de fouet à ce placement plébiscité par les épargnants français. Le LDD (ex Codevi) passerait lui aussi à 2,75% et le LEP (livret d'épargne populaire) passerait à 3%. La rémunération du PEL (plan d'épargne logement), en revanche, ne dépend pas de l'inflation.

Nombreux atouts

Il faut dire que le livret A, malgré son plafond peu élevé, présente de sérieux atouts. D'abord, il est liquide : on peut retirer ou placer de l'argent à tout moment et sans frais. Ensuite, il est sûr, une denrée rare et recherchée en cette période de crise financière. Enfin, il reste l'un des rares placements entièrement défiscalisé et presque le seul à ne pas suppporter de prélèvements sociaux. Ces derniers devant certainement à nouveau augementer au 1er janvier prochain compte tenu du dernier projet de loi de finances.

L'assurance-vie en péril

Depuis un peu plus d'un an, les épargnants délaissent l'assurance-vie, qui a été pour la première fois de son histoire en décollecte durant deux mois consécutifs, au profit du livret A. Car les fonds en euros ne sont plus considérés comme aussi sûrs qu'auparavant, à cause des risques liés aux dettes souveraines. Et surtout parce que la rentabilité n'est plus au rendez-vous. En 2011, les fonds en euros auront certainement rapporté autour de 3 ou 3,2%. Si, au bout de huit ans, les gains ne sont pas taxés, ils subissent les prélèvements sociaux qui vont sans doute s'élever à 24% en 2012. Soit une rémunération nette du fonds en euros entre 2,28 et 2,43% en moyenne.

Collecte

Face à l'inquiétude causée par la crise de la dette, le total des sommes déposées sur le livret A a atteint des sommets cette année. Malgré un coup d'arrêt en octobre, depuis le début 2011, la collecte s'élève à 16,58 milliards d'euros, soit un encours total de211,9 milliards d'euros. Pour mémoire, les précédents records datent de 2008, début de la crise finanicère, avec une collecte nette de 18,7 milliards sur l'année, et 2009 avec 16,5 milliards.

Hausse des prix

Les prix à la consommation ont progressé de 0,3% le mois dernier, selon les données publiées mardi par l'Institut national de la statistique. C'est le rythme le plus rapide enregistré pour un mois de novembre depuis 2007 (0,48%). L'évolution en données non corrigées des variations saisonnières est identique. En glissement annuel à fin novembre, il faut également remonter à 2007 pour atteindre un niveau similaire, indique l'Insee.
"Il faut relativiser, nous ne sommes pas entrés dans une période de forte inflation", a expliqué à l'AFP Nicolas Bouzou, économiste chez Asteres, qui table sur une inflation en 2011 de 2,2 à 2,3%.
Jean-Christophe Caffet, économiste de Natixis, anticipe en revanche un maintien du niveau actuel début 2012, du fait des prix de l'énergie mais aussi d'une dépréciation de l'euro. Natixis prévoit une "dépréciation de l'euro jusqu'à 1,25 dollar en mars, ce qui devrait générer de l'inflation importée".

L'Insee a notamment justifié le bond mensuel par la hausse dans l'énergie (+1,2%; +11,5% sur un an) dans le sillage de l'augmentation enregistrée dans les produits pétroliers (+1,9%; +15,4% sur un an). La flambée a touché en particulier les combustibles liquides (+4,4%; +23,8% sur un an) et les carburants (+1,5%; +13,7% sur un an).
Les prix de l'alimentation (+0,3%; +3,2% sur un an) ont également joué un rôle prépondérant en novembre, même si la hausse "modérée" des produits frais (+0,2% par rapport à novembre 2010) a permis d'en limiter l'impact.

Selon M. Bouzou, l'inflation sous-jacente (ISJ) "reste faible", à 1,6% sur un an. L'ISJ exclut les prix fixés par l'Etat (électricité, gaz, tabac) et les produits à prix volatils (produits pétroliers, produits frais, produits laitiers, viandes, fleurs et plantes). "Les prix de l'énergie restent dynamiques mais cela va s'estomper car l'économie mondiale est en train de ralentir de façon brutale", estime-t-il, tout en concédant que "l'inflation va plus vite que les salaires, donc ça va signifier une perte de pouvoir d'achat". Michel Martinez, chef économiste France de la Société Générale, relève pour sa part "un scénario de ralentissement lent. On a une inflation sous-jacente qui est assez rigide en France comme en Europe et qui tarde à décélérer malgré la crise et le fait que l'activité soit faible".