De nouvelles pistes pour drainer l'épargne vers la finance solidaire

Par Mathias Thépot  |   |  567  mots
Parmi les suggestions faites à Benoît Hamon, ministre de l'Economie sociale et solidaire: la création d'un produit type livret A pour généraliser la collecte d'épargne solidaire.
Toujours à la recherche de de nouvelles ressources, les acteurs de la finance solidaire attendent beaucoup de leur ministre de tutelle Benoît Hamon. Ils espèrent qu'une part solidaire sera intégrée aux produits d'épargne les plus populaires.

Les tenants de la finance solidaire souhaitent multiplier les encours de l'épargne solidaire par dix. Pas une mince affaire, surtout au moment où la sensibilité des Français pour tout ce qui concerne l'épargne est un rien exacerbée.
Un vaste travail de pédagogie est donc nécessaire pour populariser l'idée du placement dans des produits solidaires, destinés à financer des entreprises dont les projets ont une utilité sociale ou environnementale, et dont les bénéfices sont répartis de manière équitable.
A fin 2012, l'épargne solidaire représentait ainsi 4,7 milliards d'euros, soit 0,123% de l'épargne financière totale en France.

Un appel du pied aux pouvoirs publics

A la veille de la sixième semaine de la finance solidaire qui se déroulera du 4 au 11 novembre, l'association Finansol, un collectif des acteurs de ce secteur, fait appel au ministre de l'Économie sociale et solidaire, Benoît Hamon, pour que les pouvoirs publics leur donnent un petit coup de pouce.
Le législateur a en effet un rôle central à jouer sur ce sujet, comme il l'a d'ailleurs déjà eu par le passé : il a permis, par la loi Fabius de 2001, de donner un nouvel élan à la finance solidaire en imposant à toutes les entreprises ayant mis en place un Plan d'épargne retraite collectif de proposer un fonds solidaire au sein de sa gamme de des fonds sélectionnés. En 2008, la loi a étendu cette obligation pour le Plan épargne entreprise.

Résultat, 50% de l'épargne solidaire est désormais drainée par l'épargne salariale. Ce succès s'est fait grâce aux fonds "90/10", "qui sont investis pour 90% en Investissements Socialement Responsables et pour 10% dans des acteurs de la finance solidaire", est-il expliqué sur le site du ministère de l'Économie.

Une part solidaire dans l'assurance-vie

La directrice de Finansol, Sophie des Mazery, aimerait que le gouvernement s'appuie sur ce type d'exemple qui "a permis de mettre en visibilité l'offre auprès des salariés", pour démocratiser encore davantage l'épargne solidaire.

Elle milite pour que les pouvoirs publics intègrent une part solidaire dans les produits d'épargne les plus populaires en France, en premier lieu dans l'assurance vie et ses presque 3.400 milliards d'euros d'encours. La transposition des propositions du rapport des députés Berger-Lefebvre sur l'épargne longue qui préconise de créer au sein de certains contrats d'assurance vie "des compartiments obligatoires en direction de l'investissement à impact social" est dans ce cadre attendue de pied ferme.
En parallèle, une initiative privée de la filiale du Crédit Agricole, Predica, a émergé en avril. Elle a créé un produit d'assurance vie solidaire dont 5% de l'actif géré sera investi en titres solidaires.

Un nouveau livret de développement durable et solidaire ?

Une autre solution serait de créer un nouveau produit d'épargne populaire, de type livret A, pour généraliser la collecte d'épargne solidaire. Plus précisément, Sophie des Mazery propose de créer un livret de développement durable et solidaire (LDDS), un LDD élargi, dont "une part serait dédiée au financement et au développement d'entreprises solidaires".

Toutes ces propositions pourraient au final permettre à la manne financière destinée aux entreprises solidaires d'atteindre 1% de l'épargne financière nationale dans une dizaine d'année, soit près de 40 milliards d'euros.