Le marché immobilier est en train de se bloquer

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  570  mots
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La hausse des taux de crédits exclut de plus en plus d'acquéreurs potentiels, constatent les courtiers, tandis que le volume des transactions ralentit depuis quelques temps d'après Century 21. Des signes forts, très souvent annonciateurs d'une baisse.

La hausse des prix immobiliers en France s'est poursuivie au premier semestre, une ascension à peine ralentie par rapport à l'an dernier, montrent les chiffres publiés ce mardi par le réseau Century 21, pour qui la baisse des volumes de transactions traduit un début de correction. Après avoir augmenté de 8,7% en 2010, les prix ressortent à fin juin en progression de 7,4% sur douze mois, précise Century 21. Mais les volumes, eux, ont diminué de 7,1%. Et "partout où les prix ont augmenté de plus de 3%, l'activité est en repli", précise le groupe.

Le prix moyen au mètre carré en France a atteint 2.693 euros au premier semestre. Et à Paris, où la hausse des prix ressort à 15,6% sur un an, il a dépassé 8.300 euros. En un an, le prix moyen au m2 dans la capitale aura ainsi augmenté de plus de 1.100 euros.

Century 21 met surtout en avant de "fortes disparités" entre les régions: six d'entre elles ont subi une baisse des prix immobiliers ces douze derniers mois (Alsace, Aquitaine, Auvergne, Bourgogne, Limousin et Nord-Picardie).

En fait, explique le réseau, à l'exception de Paris, aucune région n'échappe au cycle dans lequel une hausse des prix trop brutale provoque une contraction de l'activité propice à la modération des prix, celle-ci favorisant ensuite une reprise des volumes.

Cet enchaînement a été favorisé ces derniers mois par la remontée des taux d'intérêt, passés entre novembre et juin de 3,35% à 4,30%. "Cette remontée a pour corollaire une dégradation automatique du pouvoir d'achat immobilier des ménages et va exclure du marché un nombre de plus en plus important de Français", conclut Century 21.

Des prêts plus chers et plus longs

Ainsi, la part des moins de 40 ans dans l'ensemble des acquisitions a chuté de près de 15 points en un an.

De son côté, le courtier Empruntis.com constate que 15% des dossiers qui trouvaient encore à se financer au quatrième trimestre 2010 n'y parviennent plus désormais. "Même si les banques n'ont pas modifié leurs critères d'octroi de crédits, à revenus équivalents, mais avec un taux plus élevé, le résultat est mathématique: certaines personnes dépassent aujourd'hui les critères d'endettement admis par les banques (33%)", résume Maël Bernier, porte-parole d'Empruntis.com.

Très concrètement, rappelait la semaine dernière Meilleurtaux.com, pour une mensualité de 1.000 euros sur 25 ans et sans apport, un acquéreur ne peut plus acheter que 23 m2 à Paris, contre 52 m2 en 2000. Autre conséquence du renchérissement du crédit: la durée moyenne des prêts s'allonge, passant en douze mois de 19,8 à 20,1 années, selon Century 21.

Ces signes de tensions sont désormais mis en avant par d'autres professionnels du marché: à l'occasion de la publication de son nouveau baromètre mensuel, Meilleursagents.com constate lui aussi une conjonction entre hausse des prix et baisse des volumes, ce qui rend selon lui le marché "illisible" pour les particuliers.

"Moins nombreux et moins pressés, les acheteurs payent le prix fort pour des biens de qualité ou de valeur inférieure à 250.000 euros, mais ils négocient fort ou boudent le reste", explique Sébastien de Lafond, président du courtier, qui parle même de "flambée" des prix sur la rive gauche parisienne. "Les vendeurs ne comprennent pas la nouvelle dynamique du marché et campent sur leurs positions. Le marché se bloque graduellement mais inéluctablement", ajoute-t-il.