"La transparence est bonne pour le marché de l’immobilier"

Par Propos recueillis par Mathias Thépot  |   |  495  mots
Sébastien de Lafond, président de meilleursagents.com, juge que, d'un numéro à l'autre, le prix d'un bien immobilier peut varier de 15 à 20% dans la même rue
Le lancement de "Patrim", le service informatique de Bercy d’évaluation des biens immobiliers à destination des particuliers, ne concurrencera pas les agents immobiliers, selon Sébastien de Laffond, président du réseau meilleursagents.com

La Tribune : Comment accueillez-vous la création du logiciel public "Patrim", le service d'évaluation de biens immobiliers sur internet ?

Sébastien de Lafond : Il faut se réjouir que l'État donne les moyens au contribuable de s'informer et de se défendre contre l'administration fiscale.
Le ministère de l'Économie et des Finances met fort heureusement à disposition des particuliers non pas un logiciel d'estimation de leur bien immobilier, mais un service qui va leur fournir des références de ventes grâce à des exemples de transactions immobilières enregistrées.
Cela va permettre au contribuable de disposer d'un outil pour gérer ses rapports avec l'administration fiscale en matière d'ISF, de donations, ou de successions. Dans ces cas là, la connaissance des transactions dans les quartiers les plus proches est utile. C'est d'ailleurs en s'appuyant sur cet outil que les services de Bercy motivent parfois un contrôle fiscal. En ayant accès à ce service, le contribuable pourra désormais opposer à l'administration fiscale lors d'un redressement que la valeur du bien immobilier retenue pour une donation, une succession ou pour l'ISF, n'est pas juste, en ayant pour preuve les autres biens qui ont été vendus dans le quartier.

Peut-on précisément estimer la valeur d'un bien immobilier grâce à l'outil "Patrim" ?

Non. Ce service de l'administration ne valorise pas les biens immobiliers car il n'a pas connaissance de leurs caractéristiques précises. Par exemple, on n'aura pas accès aux adresses exactes. Or d'un numéro à l'autre, le prix d'un bien immobilier peut varier de 15 à 20%. A Paris, la valorisation peut même aller du simple au double dans un même immeuble ! Il en découle une forme de limite à cet outil car l'évaluation précise d'un bien est extraordinairement compliquée.
Un particulier ne pourra pas déterminer la valeur de son bien en s'appuyant sur des transactions passées concernant des biens qui ne sont ni parfaitement géolocalisés, ni parfaitement décrits, même à 10% près !

Ne craignez-vous pas que le particulier intègre ce service comme un outil concurrent des agents immobiliers ?

Je doute que le particulier ait recours à ce service juste pour calculer ou estimer la valeur d'un bien qu'il souhaite vendre, car il devra montrer patte blanche à l'administration fiscale sur ses intentions.
A mon sens, il n'y a aucune menace d'aucune sorte pour un bon professionnel de l'immobilier, dont la valeur ajoutée reste intacte. C'est une vision archaïque et passéiste du rôle de l'agent immobilier que de croire que l'on viendrait le voir pour obtenir une information que l'on n'a pas. Car le monde de l'internet donne aujourd'hui une multitude de renseignements sur les prix de l'immobilier.
L'agent immobilier doit donc se réinventer, se réformer pour justifier de son activité.
En définitive, la transparence est bonne pour le marché et ceux qui fondent leur pouvoir sur le fait de cacher l'information se trompent.