Immobilier : et si Bruxelles devenait la banlieue de Paris ?

Par Mathias Thépot  |   |  528  mots
Les prix de l'immobilier à Bruxelles s'établissent à environ 2.700 euros du m² à fin 2012.
A Bruxelles, les prix de l’immobilier sont trois fois inférieurs à ceux de Paris. Résultat, certaines familles franciliennes affluent.

Il fût un temps où, disait-on, les français partaient s'exiler en Belgique pour bénéficier de conditions fiscales avantageuses, et notamment les chefs d'entreprise qui souhaitaient vendre.
Désormais il semble que l'intérêt des français pour la Belgique, et principalement pour sa capitale Bruxelles, dépasse les seules velléités d'échapper à l'impôt.
Asphyxiés par les niveaux des prix immobilier, des familles franciliennes de Paris et sa banlieue préfèrent ainsi aller habiter à Bruxelles. Le prix moyen au mètre carré s'y établissait fin 2012 à environ 2700 euros du mètre carré, selon une étude de Deloitte. Soit trois fois moins qu'à Paris intramuros !

La gare du midi prise d'assaut

"Les parisiens sont assis sur des tas d'or sans le savoir", explique Anna Susswein, directrice de l'agence immobilière belge Universal. "Pour la vente d'un petit appartement à Paris, on a une belle maison à Bruxelles et de l'argent pour vivre", ajoute-t-elle. De plus, le cadre de vie bruxellois n'a pas grand chose à envier à celui des grandes villes françaises.

Certains quartiers de Bruxelles sont ainsi pris d'assaut par les ménages hexagonaux, notamment autour de la gare du Midi, où les biens immobiliers "se vendent comme des petits couques", selon l'expression consacrée outre-Quiévrain (ndlr : les "couques" sont des pains au chocolat belges).

Et même après avoir déménagé, certains néo-bruxellois gardent leur activité en France, notamment ceux qui travaillent à Paris. "A 1H20 en train de Paris, certains font même la navette chaque jour !", constate Anna Susswein. D'autres fonctionnent par télé-travail.

Des artistes français, qui n'ont pas les moyens de louer un atelier à Paris, sont également de plus en plus attirés par la capitale belge. 

Les prix s'accroissent déjà

Mais l'attractivité de Bruxelles pourrait jouer des tours à certains ménages. Certes, "le marché de l'immobilier bruxellois suit une tendance haussière, régulière et sans à-coup", explique Anne Susswein, mais il n'est pas à exclure qu'à force d'attiser les convoitises, la capitale belge ne subisse une hausse plus marquée de ses prix de l'immobilier. D'autant que dans les 25 prochaines années, la ville attend un afflux net de près de 300.000 habitants.

En 2012 déjà, elle était la cinquième grande ville où les prix ont le plus augmenté en Europe derrière Berlin, Londres, Moscou et Vienne, selon Deloitte. Les prix dans des quartiers comme celui de la place Brugmann, très prisé des français, atteignent déjà près de 6.000 euros du mètre carré.

Les primo-accédants menacées

Les plus exposés au risque inflationniste de l'immobilier bruxellois sont, comme souvent, les jeunes actifs potentiellement primo-accédants. "Les jeunes bruxellois ont désormais du mal à accéder à la propriété à Bruxelles", s'inquiète Anne Susswein, malgré l'abattement de 7.500 euros en vigueur sur les droits d'enregistrement pour tout accédant n'étant pas déjà propriétaire.

Ils souffrent enfin de la faible offre locative en Belgique où près de 72% des ménages sont propriétaire. Cette part est inférieure à Bruxelles (50%) mais reste à un niveau élevé à l'échelle des grandes villes européennes.