Brexit  : l'immobilier britannique ralentit

Par Mathias Thépot  |   |  583  mots
Les prix de l'immobilier sont restés stables en juillet outre-manche.
Depuis le Brexit, les transactions sont au plus bas sur le marché immobilier résidentiel britannique. Mais la confiance reste de mise.

Environ 50 jours sont passés depuis que le peuple britannique s'est prononcé en faveur du Brexit. Et comme dans beaucoup d'autres secteurs, on prédisait le pire au marché immobilier local. Qu'en est-il aujourd'hui ? D'abord, force est de constater que l'impact du Brexit sur l'immobilier résidentiel britannique est significatif. Les volumes de vente de logements sont lourdement affectés : depuis la crise financière de 2008, jamais autant d'agents immobiliers n'avaient constaté un tel recul de la demande d'acheteurs potentiels, rapporte la Royal institution of chartered Surveyors (RICS), un organisme qui regroupe des professionnels de l'immobilier.

Chute en bourse

D'un point de vue plus institutionnel, le Brexit fait également des dégâts : face à l'afflux des demandes de retraits de la part d'investisseurs inquiets quant aux conséquences du référendum, plusieurs fonds immobiliers ont également été suspendus. Aviva Inverstors a notamment annoncé mercredi que son fonds immobilier devrait rester fermé au moins 6 mois. Par ailleurs, l'indice boursier britannique le plus affecté après le Brexit est celui regroupant les entreprises du secteur de l'immobilier : la composante immobilière du FTSE 350 index a en effet perdu 15 % depuis le Brexit, alors que dans le même temps l'indice global FTSE 350 gagnait 7 %.

Des prix stables

Ces signes alarmant n'affectent pourtant pas l'optimisme des analystes spécialistes du secteur. En effet, il faut d'abord dire que même si les transactions s'écroulent, les prix des logements continuent de croître en moyenne outre-manche, de 0,2 % en juillet, selon les organisme britannique Acadatat et LSL property services, cités par Bloomberg. Certes, ce rythme de hausse est largement inférieur à celui du début d'année (+8,9 % en février notamment). Cependant, le fait que les prix de l'immobilier britannique continuent de croître dans le contexte actuel montre bien que ce secteur est davantage dans une phase de ralentissement après plusieurs mois de fortes hausses - on s'inquiétait encore du risque d'éclatement d'une bulle immobilière il y a peu - que dans un réel processus récessif.

Réactions rapides

Mais ce qui rassure principalement les analystes, ce sont les réactions rapides en haut lieu pour assainir le contexte politique. En effet dès le 11 juillet, il a été annoncé que Theresa May prendrait la place de David Cameron au 10 Downing Street. Ce qui a donné des gages de stabilité politique à un marché immobilier britannique que l'on sait notamment très influencé par les investisseurs étrangers. Ensuite, début août, la Banque d'Angleterre (BoE) a abaissé d'un quart de point son taux de refinancement à 0,25 % - une première depuis 2009. Et elle ne s'est pas limitée à la baisse de son taux directeur, puisqu'elle a accompagné son action de trois mesures de soutien supplémentaires pour stimuler directement le financement de l'économie.

Confiance robuste

De quoi réjouir les acteurs de l'immobilier. Le chef économiste de RICS, Simon Rubinsohn, constate d'ailleurs avec surprise que « la confiance du marché est bien plus robuste qu'anticipé ». Et Hansen Lu, économiste spécialiste de l'immobilier chez Capital Economics, d'ajouter que « le choc initial et l'environnement incertain qui ont suivi le Brexit commencent à s'éloigner ». De là à avancer que l'immobilier britannique serait de nouveau sur le chemin de fortes hausses ? Non, tempère Hansen Lu, qui rappelle que si la chute du marché est moins lourde que prévue, la baisse des ventes reste tout de même inquiétante. Il prévoit donc pour 2016 une hausse des prix de l'immobilier outre-manche de « seulement » 2 %.