Retraites : petite revalorisation, la durée de cotisation en question

Par Ivan Best  |   |  701  mots
La Commission économique de la nation (Cen) devrait confirmer ce mardi la prévision d'inflation de 1,2% pour 2010 en France, ce qui entraînera une faible revalorisation des retraites du régime de base au 1er avril. Selon le Conseil d'orientation des retraites (COR), il faudrait faire grimper, progressivement, à 43,5 ans, la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein, à échéance de 2050, contre 41 années de cotisation nécessaires pour les salariés âgés de 60 ans en 2012.

La Commission économique de la nation (Cen) devrait confirmer ce mardi la prévision d'inflation de 1,2% pour 2010 en France, ce qui entraînera une faible revalorisation des retraites du régime de base au 1er avril. La Cen, qui se réunit dans l'après-midi, permet au gouvernement de confronter ses prévisions macro-économiques à celles d'économistes du secteur privé quatre fois par an. Celle de mars convient d'une prévision d'inflation qui sert de base pour la revalorisation des retraites et pensions, effective au 1er avril.
 

En 2009, l'inflation n'avait été que de 0,1% en moyenne alors que l'augmentation des pensions avait été calculée sur la base d'une inflation attendue à 0,4%.
Selon la presse, le gouvernement va du coup retrancher 0,3 point de la hausse des prix prévue pour 2010, ce qui conduira à un relèvement des pensions de 0,9 point. Dans un communiqué publié lundi, la CFDT a déploré que le gouvernement récupère ce "trop-perçu" de 0,3 point et que la décision ait été prise avant même la réunion de la Cen."Cela ne compensera même pas la hausse des mutuelles ! Et ceci alors même que l'inflation repart avec 0,6% pour le mois de février et qu'une augmentation du gaz entre 6 et 10% est prévue au 1er avril", regrette le syndicat pour qui "la paupérisation des retraités s'accentue, mesure après mesure".


FORME ALLÉGÉE
 

La réunion de la Cen, à laquelle sont conviés 28 économistes, coïncide avec l'organisation d'une journée d'action pour l'emploi et les retraites à l'appel des syndicats CGT, CFDT, FSU, Solidaires (Sud) et Unsa. Selon une source à Bercy, la discussion informelle se tient sous une forme allégée, le dernier cadrage macro-économique remontant à seulement deux mois avec la présentation du dernier projet de loi de finance rectificative.
 

Le PLFR a retenu comme principales hypothèses macro-économiques une croissance de 1,4% du produit intérieur brut et une inflation moyenne de 1,2%, chiffres qui devraient être confirmés par la Cen. "La discussion portera surtout sur la trajectoire pluriannuelle de croissance et de finances publiques, avec une présentation du programme de stabilité et des hypothèses macro-économiques qu'il contient", a-t-on précisé à Bercy. "Le cadre est volontairement pluriannuel, on ne se limite pas au cadre du PLFR."

Le relèvement de 0,9% attendu pour le 1er avril concernera les retraites du régime de base du privé. Les retraites complémentaires Arrco, qui concernent les salariés du privé, et Agirc, pour les cadres, augmenteront pour leur part de 0,72%, selon des informations parues dans la presse. Le minimum vieillesse, réservé aux personnes disposant de faibles ressources, passera lui de 677,13 euros à 708,96 euros, soit une hausse de 4,7% qui s'inscrit dans le programme de revalorisation de 25% de cette allocation durant la législature, conformément à une promesse du président Nicolas Sarkozy.

Dans un document qui sera discuté mercredi, le Conseil d'orientation des retraites (COR) évalue les conséquences de l'application de la règle fixée par la loi de 2003, à savoir le maintien constant, à sa valeur de 2003, du rapport entre durée d'assurance (cotisation) et durée moyenne de la retraite, compte tenu de l'espérance de vie.

Le COR en conclut qu'il faudrait faire grimper, progressivement, à 43,5 ans, la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein, à échéance de 2050, contre 41 années de cotisation nécessaires pour les salariés âgés de 60 ans en 2012.

Tels sont les deux paramètres sur lesquels voudrait jouer, principalement, le gouvernement, à en croire les experts. Mais les syndicats font pression pour une réforme tout autre. Notamment la CFDT. Dans l'interview qu'il a accordée à « La Tribune », François Chérèque souligne les nombreuses conditions de son soutien à la réforme que présentera le gouvernement.

Il vise une refonte profonde du système, visant à en corriger les inégalités. Ce qui n'est pas forcément le cas des autres organisations syndicales. Bernard Devy, le « monsieur Retraite » de Force ouvrière, estime qu'il « ne revient pas au système de retraite de corriger les inégalités existant au sein du salariat ». FO défend avant tout le pouvoir d'achat des retraités.