Retraites : ce que prépare le gouvernement

Par latribune.fr  |   |  630  mots
Les premiers arbitrages ne seront pas dévoilés avant plusieurs semaines, notamment pas avant la grande manifestation intersyndicale. Mais ils se précisent.

Selon plusieurs sources, le gouvernement aurait pris ses décisions concernant la reforme des retraites. Mais la concertation avec les partenaires sociaux et les différents partis politiques n étant pas terminée, une vaste manifestation intersyndicale étant même prévue le 27 mai, pas question d'annoncer ces arbitrages avant plusieurs semaines... L'heure est donc aux fuites et confidences permettant de préparer l'opinion publique.

Première décision : repousser l'âge légal de la retraite au-delà de 60 ans. Ce tabou que défend encore le parti socialiste mais pas Dominique Strauss-Kahn pourrait sauter des début 2011. A ceux qui pensaient qu'il faudrait, soit repousser l'âge légal de la retraite, soit augmenter la durée de cotisation, vont être déçus : il faudra faire les deux. La durée de cotisation, qui devait déjà être portée de 40 a 41 ans en 2012 puis a 41,5 ans en 2020 selon la reforme des retraites pilotée par François Fillon en 2003, va être encore augmentée.

Mais ce n'est pas tout, car ces deux mesures phares ne suffiront pas à sauver financièrement le système français des retraites auquel il manquerait plusieurs milliards d'euros. Nicolas Sarkozy a évoqué à plusieurs reprises une ponction sur les hauts revenus. Cette contribution se limiterait à environ 600 millions d' euros. Tout juste de quoi compenser le coût du très controversé bouclier fiscal. La modification du système des retraites des fonctionnaires pourrait générer une économie plus substantielle pour les comptes publics avec une augmentation des cotisations vieillesse pour la rapprocher de celles du privé voire une reforme du calcul des pensions, là aussi plus avantageux pour le secteur public.

La grande nouveauté serait une augmentation générale des cotisations vieillesse qui pourrait être partiellement compensée par une réduction des cotisations chômage. Cela suppose que l'emploi reparte en France dans les mois à venir. Au vu des dernières statistiques, un tel scénario n'a rien d'irréaliste.

Invité dimanche soir sur BFM-TV, le ministre du travail Eric Woerth a assuré que les arbitrages n'avaient pas encore été rendus.  Il a toutefois souligné que la réforme des retraites se ferait "aucun tabou" - y compris sur l'âge légal de 60 ans - avec "une application dès 2011 de manière progressive". "Les gens qui ont aujourd'hui par exemple 61 ans, et qui ont décidé de continuer à travailler pour plein de raisons, ils ne seront pas touchés par la réforme. Ceux qui ont aujourd'hui 57, 58 ans, ils ne sont pas loin de l'âge de la retraite, je rappelle qu'une réforme est progressive, et douce et lente. Nous allons demander aux Français d'avoir une vie professionnelle plus longue, par l'âge, par les cotisations, nous allons encore en discuter, nous verrons ça au mois de juin".


"Le seul dogme sur les retraites qu'il faut avoir, c'est celui du sauvetage du régime par répartition", a-t-il lancé. Il juge "indispensables" des recettes nouvelles mais exclt  une hausse générale des prélèvements.  "Il y aura des mesures concernant les particuliers, on a parlé des hauts revenus, il y aura des mesures concernant les entreprises" et il pourrait "y avoir aussi des transferts" de ressources.
 

Il n'a pas tranché le débat sur le Fonds de réserve des retraites (FRR), créé en 1999 par le gouvernement socialiste de Lionel Jospin pour être utilisé en 2020 puis progressivement marginalisé voire ponctionné (il est aujourd'hui à la tête d'une trentaine de milliards d'euros) :  "nous verrons si nous devons ou pas l'utiliser. La question n'est pas une question politique, c'est une question technique. La première qui a tapé dans le FRR, c'est Mme Aubry, elle a pris 4 milliards pour financer les 35 heures qu'elle venait de créer".