La consommation en danger en 2011

Par Sara Sampaio  |   |  459  mots
La Tribune Infographie
Salaires promis à des hausses modestes, chômage persistant, flambée des prix de l'énergie : rien n'incite les ménages à consommer. L'économie en a pourtant un besoin urgent.

La consommation des ménages a-t-elle mangé son pain blanc ? Elle avait redressé la tête en 2010, progressant de 1,6 %. Mais elle démarre mal l'année 2011. En janvier, les dépenses des ménages en produits manufacturés, qui représentent un quart de la consommation en France, ont baissé de 0,5 % par rapport à décembre, annonce l'Insee. Le principal coupable : la chute des dépenses automobile (-6,3%), qui maintes fois annoncée, a fini par se produire, en raison de l'arrêt de la prime à la casse fin décembre. Les dépenses d'équipement du logement font bonne figure (+2,4%), mais sont loin de pouvoir tirer à elles seules la consommation.
Il est difficile de savoir si ce résultat décevant de janvier annonce une tendance de fond ou restera passager. Croissance ou pas, les Français ont une propension à consommer. En 2008 et 2009, en pleine crise, les dépenses de consommation avaient continué à progresser de 0,5% et 0,6%, respectivement. De même, considéré en glissement annuel, le chiffre de janvier des dépenses en produits manufacturés n'est pas si mauvais, puisqu'il augmente de 2,4 % entre janvier 2010 et janvier 2011. Depuis 2003, alors que la contribution du commerce extérieur à la richesse nationale est négative, elle est positive pour la consommation des ménages, qui porte ainsi à bout de bras le produit intérieur brut français.
Pourtant, les indicateurs publiés ces derniers jours - inflation, chômage, moral des ménages - font craindre que le pouvoir d'achat n'en prenne un coup et que le moteur de la consommation ne se grippe. Le moral des ménages s'est affiché à 85 points en janvier, soit à 15 points sous sa moyenne de long terme. Mais la crise a aussi montré qu'un moral en berne n'entamait pas forcément les actes d'achat... L'inflation est de plus mauvaise augure. Si la hausse des prix s'est stabilisée en janvier à 1,8 %, en raison de l'effet des soldes, elle ne reflète pas la progression faramineuse des prix produits pétroliers : 17 % sur un an. La stabilité des prix alimentaires en janvier (+0,1 %) ressemble fort au calme avant la tempête, les économistes s'attendant dans les mois à venir à une répercussion des fluctuations récentes des matières premières agricoles sur les prix.
Par ailleurs, aucune hausse significative n'est à attendre du côté des salaires, qui restent sous la pression d'un chômage élevé (9,1% annoncé en 2011 pour l'Insee), malgré le recul de 0,7% du nombre de chômeurs annoncé jeudi par le ministère du Travail. Dans ces conditions, on imagine mal les ménages puiser dans leur bas de laine, qu'alimente un taux d'épargne toujours élevé (d'environ 16%). Ils pourraient même être tentés de reconstituer leurs économies, entamées en 2010 par les achats d'automobiles, prime à la casse oblige...