Dominique Strauss-Kahn ne parlera pas aujourd'hui

Par latribune.fr  |   |  707  mots
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Contrairement aux rumeurs qui avaient circulé hier, il ne fera aucune déclaration publique ce dimanche, a déclaré sa conseillère en communication et amie Anne Hommel.

Dominique Strauss-Kahn est arrivé ce matin à Roissy Charles de Gaulle, selon l'AFP. Il est sorti, souriant, du terminal 2E vers 7h40, accompagné d'Anne Sinclair. Il a brièvement salué les nombreux journalistes présents sur place et les quelques personnes venues le soutenir. Le couple a ensuite rejoint son domicile parisien, place des Vosges vers 8h30, où il a dû se frayer un chemin au milieu d'une nuée de journalistes pour entrer chez lui.

Son retour en France a immédiatement suscité de nombreuses réactions politiques, principalement dans le camp socialiste. "Je pense à son bonheur et à celui d'Anne de se retrouver ici, et c'est déjà beaucoup", a déclaré aux journalistes l'ancien ministre socialiste Jack Lang, qui réside lui aussi place des Vosges.

Mais c'est bien la parole de Dominique Strauss-Kahn lui-même qui est la plus attendue désormais. Si l'hypothèse d'une intervention médiatique dès ce dimanche est écartée, il pourrait accorder un entretien à un journal télévisé ou à un hebdomadaire dans les prochains jours, selon plusieurs médias. Sur le fond, un de ses proches a affirmé hier à l'AFP que Dominique Strauss-Kahn est "très déterminé" à s'exprimer. "Il doit des explications" sur ce qui s'est passé le 14 mai dans la suite 2806 du Sofitel de New York, "il a l'intention de les donner et il fera face sereinement", a-t-il dit.

Si cette intervention pourrait lui permettre de livrer sa version des événements des derniers mois et du dossier judiciaire elle ne devrait pas marquer son retour sur l'échiquier politique, même si certains de ses proches espèrent encore le voir un jour rejouer un rôle de premier plan. "Le choc des événements de ces dernières semaines l'a amené à se mettre de côté par rapport à la vie politique mais je ne vois pas comment notre pays pourrait se passer de telles compétences", a ainsi déclaré sur LCI Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris, qui a apporté son soutien à François Hollande pour la primaire PS, dont le premier tour se tient le 9 octobre. Les Français eux-mêmes semblent cependant réticents à l'idée d'un retour rapide en politique de celui qui figura longtemps dans le peloton de tête de leurs personnalités préférées. Selon un sondage publié fin août, 80% des Français et 77% des sympathisants de gauche ne souhaitent pas que Dominique Strauss-Kahn revienne dans la course des primaires. Anticipant sur son retour en France, plusieurs responsables du Parti socialiste avaient commencé ces derniers jours à prendre leurs distances avec leur camarade. Arnaud Montebourg, candidat à l'investiture socialiste, a ainsi souhaité que l'ex-maire de Sarcelles présente des excuses "à l'égard des socialistes et des électeurs de toute la gauche".

Revenu à Paris, Dominique Strauss-Kahn n'en a toutefois pas totalement fini avec la justice. Américaine d'abord, car il reste visé par une procédure au civil engagée par son accusatrice, Nafissatou Diallo. Française ensuite, puisqu'une enquête est ouverte sur un abus sexuel présumé, allégué par Tristane Banon, une romancière qui dit avoir été agressée en 2003. La mère de cette dernière, Anne Mansouret, élue PS au conseil général de l'Eure, s'est bien entendu empressée de critiquer dès ce dimanche les conditions de son retour. "Tant que M. Strauss-Kahn n'aura pas été jugé, il ne sera pas blanchi. Donc, comme beaucoup de Français, comme beaucoup de socialistes, je trouve que ce retour et la façon dont il est présenté est à proprement parler indécent", a-t-elle ajouté sur BFM TV.

A droite, les premières réactions visent aussi la médiatisation de ce retour, qui occulte en partie le "Campus", l'université d'été de l'UMP réunie à Marseille ce week-end. "Savoir si M. Strauss-Kahn a le sourire quand il arrive à l'aéroport, s'il arrive à semer la presse en prenant un avion qui n'est pas le bon et s'il va habiter à Paris ou chez des amis: si ça efface le Campus (de l'UMP), je suis quand même très inquiet pour la vie politique française", a déclaré le député UMP des Bouches-du-Rhône Renaud Muselier.