Les jeunes, premières victimes de la crise

Par Isabelle Moreau  |   |  458  mots
La Tribune Infographie
Le rapport "Perspectives de l'emploi de l'OCDE 2011", dévoilé jeudi, alerte sur la situation des 15-24 ans, dont le taux de chômage atteignait 17,3% dans la zone OCDE, au premier trimestre.

La jeunesse est désormais la priorité des priorités. En France et ailleurs, les études et rapports se succèdent, et pointent tous que les 15-24 ans font partie des grandes victimes de la crise.

Le rapport Perspectives de l'emploi de l'OCDE 2011 dévoilé jeudi ne fait pas exception. Mieux, dans son éditorial, il enjoint aux pays de s'atteler à "un chantier inachevé : investir en faveur des jeunes". Car il y a urgence. Au premier trimestre 2011, le taux de chômage des 15 à 24 ans s'élevait à 17,3% dans la zone OCDE, contre 7% pour les adultes. En France, il avoisine les 23%, tandis qu'en Grèce les chiffres dévoilés jeudi par l'Autorité des statistiques grecques font état d'un taux de chômage des 15-29 ans de 32,9% au deuxième trimestre, contre 22,8% un an plus tôt.

Partout dans le monde, la jeunesse peine à trouver sa place sur le marché du travail. Aujourd'hui, les "Neet", "neither in employment nor in education or training", ne sont plus des exceptions. "Ils constituent une catégorie fortement exposée au risque de marginalisation et d'exclusion, risque qui augmente proportionnellement au temps passé en dehors du monde du travail", analyse John Martin, directeur de l'emploi à l'OCDE. Au dernier trimestre 2010, ce groupe représentait 12,6% des jeunes de 15 à 24 ans dans les trente pays de l'OCDE pour lesquels l'organisation dispose de données, contre 10,6% en 2008. Au total, cela correspond à 22,3 millions de jeunes, soit 14,6 millions d'inactifs non scolarisés et 7,7 millions de chômeurs.

Pour eux, l'avenir s'annonce sombre. Le mouvement des "indignés", qui a démarré en mai sur la Puerta del Sol de Madrid et fait tache d'huile en Europe, traduit cette colère. Comme les manifestations des étudiants, puis les émeutes en Grande-Bretagne. Plus inquiétant encore, le phénomène du "déclassement", bien connu en France, gangrène à son tour la planète.

"Jusqu'à présent, on a vécu avec le constat que, face à la crise, il vaut mieux être diplômé que pas du tout. Mais le malheur des sans-diplôme ne fait plus le bonheur des diplômés qui subissent à leur tour la dégradation générale de la situation", souligne le sociologue Louis Chauvel. Il poursuit : "on détecte l'émergence d'une génération limbo (se prononce comme bimbo, Ndlr) une génération des limbes de graduates de colleges qui ne trouvent pas d'autre job que celui de bar manager ou de McDo specialists... Une génération sacrifiée qui, faute d'emplois décents à la sortie de l'université, va former une masse de travailleurs qualifiés frustrés."

Face à ce phénomène social menaçant, force est de constater que les gouvernements n'ont pas trouvé de réponse à la hauteur du problème.