L'homme qui a vu la crise arriver en 2008... la voit revenir en 2012

Par latribune.fr, avec agence  |   |  459  mots
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L'économiste américain Nouriel Roubini estime à plus de 50% le risque d'une nouvelle récession en 2012 pour les pays développés.

Nouriel Roubini n'y va pas par quatre chemins : "à mon avis, il y a une probabilité significative, de plus de 50%, d'avoir une autre récession dans les économies les plus avancées au cours des douze prochains mois", a déclaré le célèbre économiste ce mardi, lors d'un forum économique organisé en marge du sommet du Commonwealth en Australie, à Perth.

"Que vous l'appeliez récession à double creux (double dip, en anglais), poursuite de la première récession ou seconde récession importe peu, cela n'est qu'une affaire de sémantique", a-t-il ajouté.

Et quand il parle, on l'écoute ! Nouriel Roubini s'est rendu célèbre pour avoir été l'un des seuls à prévoir la crise financière de 2008.

Plus que des "outils financiers", il faut des réformes

Sans réforme profonde de la part des dirigeants européens, la zone euro pourrait s'effondrer et mener à une crise pire que celle de 2008, a-t-il prévenu. Selon lui, la sévérité du ralentissement dépendra de la capacité de l'Europe à éviter une rupture de la zone euro. Avant de préciser ce qu'attendent réellement les marchés, à savoir des mesures capables de relancer la croissance économique dans les pays les plus affaiblis de la zone euro. Et non "des outils financiers" laissant les pays les plus riches se charger du fardeau de la dette des plus pauvres, a précisé en substance l'économiste.

"Dans une situation qui deviendrait de plus en plus désordonnée, et qui verrait plusieurs pays faire défaut la zone euro, débouchant sur un effondrement de cette zone (...) cela serait aussi grave, voire plus grave, que la chute de Lehman en 2008", a déclaré l'économiste. D'autant que, avec une récession aussi sévère dans les économies avancées, "les dommages collatéraux dans les pays émergents pourraient être significatifs".

La recommandation de Roubini ? Dévaluer purement et simplement l'euro pour stimuler les exportations et de baisser les taux d'intérêt. "S'ils (les dirigeants européens) voulaient vraiment restaurer la croissance à court terme, ils réduiraient leurs taux d'intérêt à 0%", a-t-il affirmé.

Il n'est pas le seul à proposer des solutions pour le moins étonnantes à la crise actuelle en Europe. Le prix Nobel d'économie 2011 a lui sa petite idée sur la question.

Impact pour les économies émergentes

Enfin, l'affaiblissement de la demande européenne et américaine pourrait affaiblir la Chine, au regard notamment du niveau élevé des "mauvaises dettes" du secteur financier chinois, dans l'immobilier par exemple. "On pourrait s'attendre à un atterrissage brutal en Chine dans les deux à trois prochaines années", a-t-il précisé, ajoutant qu'il n'y a pas "un seul exemple de sortie douce d'un boom causé par le surinvestissement".