Et si la crise de l'euro était finie ?

Par latribune.fr avec AFP  |   |  722  mots
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Les voix se font plus nombreuses pour estimer que l'Europe aborde un virage plus serein pour régler le problème de la dette. Comme en témoigne la forte baisse des taux d'intérêt à l'occasion des récentes adjudications de l'eurozone.

Les responsables européens ont peu ou prou proclamé cette semaine la fin de deux années de phase aiguë de crise de la dette et de craintes autour de la survie de la zone euro, même si la Grèce va rester un problème durable à gérer pour l'Union monétaire."Nous ne sommes pas sortis de la crise économique, mais nous sommes en train de tourner la page de la crise financière" qui "aurait pu emporter la zone euro et toute l'Europe", a estimé le président français Nicolas Sarkozy à l'issue du sommet européen vendredi à Bruxelles, le deuxième consécutif à ne plus se tenir dans une atmosphère de fin du monde.
"Je ne dis pas qu'on est sorti de l'ornière mais il y a un tournant dans la crise", lui a fait écho le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, tandis que celui de la Commission, José Manuel Barroso, parle d'un "changement de perspectives".
L'une des pièces du chantier de refondation de l'Union monétaire créée en 1999 a été élevée lors du sommet à Bruxelles avec la signature d'un nouveau pacte de discipline budgétaire renforcée qui va contraindre les 25 Etats signataires - seuls le Royaume-Uni et la République tchèque ont décliné dans l'UE - à adopter des "règles d'or" sur l'équilibre des comptes publics.

Angela Merkel ne cacha pas sa satisfaction

La chancelière allemande Angela Merkel n'a pas caché sa satisfaction d'avoir pu convaincre l'Europe de se rallier à cet instrument dont elle avait une condition sine qua non de la poursuite de la solidarité financière en faveur des pays fragiles.
Il s'agit "d'un pas très important vers une Union de stabilité" qui prépare le terrain bientôt à "des éléments d'une Union politique", a-t-elle commenté. Le pacte budgétaire est censé rassurer les marchés en évitant à l'avenir un répétition de dérapages incontrôlés des déficits;
L'autre volet de la réponse à la crise, les mécanismes de solidarité, est en voie de finalisation. D'ici à la fin du mois, les pays de la zone euro espèrent décider d'une augmentation des ressources de leur pare-feu, de 500 à 750 milliards d'euros, à condition que l'Allemagne lève ses dernières réserves.
Cela permettrait ensuite au Fonds monétaire international, qui attend ce geste préalable des Européens, d'accroître ses propres moyens à 885 milliards de dollars (670 mds euros) afin de pouvoir aider l'Union monétaire. Au total, le filet de sécurité mondial potentiellement disponible pour la zone euro pourrait contenir au final quelque 1.400 milliard d'euros.


Tous ces élément, auxquels il convient d'ajouter l'injection de flots considérables de liquidités par la BCE pour éviter le grippage du système bancaire, ont permis une accalmie croissante depuis fin 2011.Sur le marché de la dette publique, les taux d'emprunt de l'Italie et de l'Espagne, principales cibles des attaques l'an dernier, ont reculé sous les 5%, soit leur niveau d'août 2011. Et les places boursières européennes sont reparties en forte hausse.
"Plus personne ne parle de la fin de la zone euro, ni même de la sortie de tel ou tel pays", dit un responsable européen de haut rang sous couvert d'anonymat, "mais ces scénarios qui ont été agités tout au long de l'an dernier ont entamé le moral des consommateurs européens", ce qui pèse aujourd'hui sur l'économie".Reste malgré tout le problème grec.

la constitution d'un cordon sanitaire

La stratégie des Européens a changé avec le temps et consiste désormais à l'isoler via la construction d'un cordon sanitaire autour d'Athènes. Un nouveau plan de sauvetage grec géant pourrait être finalisé dans les dix jours. Le résultat d'une opération de réduction de la dette du pays détenue par les banques, à hauteur de 107 milliards d'euros, sera connue le 8 mars. Il faut que 66% au moins d'entre elles acceptent de perdre 73% de la valeur de leurs créances. Si tel est le cas, le lendemain la zone euro donnera son feu vert à un programme de prêts de 130 milliards d'euros, avant que le FMI ne se réunisse le 13 mars pour décider du volume de sa contribution à ce plan.