Obama rogne les pouvoir de la NSA sans mettre fin à la collecte de données

Par latribune.fr  |   |  947  mots
"J'ai été très clair vis-à-vis de la communauté du renseignement: à moins que notre sécurité nationale ne soit en jeu, nous n'espionnerons plus les communications des dirigeants de nos alliés proches et de nos amis", a assuré Barack Obama
Le président des Etats-Unis a aussi promis que les agences du renseignement américaines n'espionneraient plus les communications des dirigeants des pays alliés.

Barack Obama a annoncé ce vendredi avoir décidé de rogner les pouvoirs de l'agence de renseignement NSA, en réformant la collecte de données mais sans mettre fin à ces opérations dont l'étendue a été révélée par Edward Snowden. Le président des Etats-Unis a aussi promis que les agences du renseignement américaines n'espionneraient plus les communications des dirigeants des pays alliés, dans un discours de près d'une heure au ministère de la Justice à Washington.

Depuis que Edward Snowden, ancien consultant de la NSA réfugié en Russie, a commencé à dévoiler au compte-goutte l'été dernier l'étendue des programmes de surveillance, et en particulier la collecte de données électroniques, la Maison Blanche s'est retrouvée sur la défensive, aussi bien face aux défenseurs de la vie privée aux Etats-Unis qu'aux dirigeants étrangers, outrés d'avoir été espionnés.

"Une nouvelle approche est nécessaire"

"Etant donné les pouvoirs uniques du gouvernement (américain), ce n'est pas assez pour ses dirigeants de dire faites-nous confiance, nous n'abusons pas des données que nous récupérons", a concédé le président. Soucieux de rétablir la confiance, Barack Obama a affirmé que "les critiques ont raison de dire que sans garde-fous appropriés, ce genre de programme pourrait être utilisé pour obtenir davantage de renseignements sur nos vies privées et ouvrir la voie à des programmes de collecte plus indiscrets".

"Je pense qu'une nouvelle approche est nécessaire. C'est la raison pour laquelle je donne l'ordre d'une transition qui mettra fin à la collecte de données en gros au terme de l'article 215" du Patriot Act, ensemble de lois sécuritaires adoptées dans la foulée des attentats du 11-Septembre, a expliqué Barack Obama.

Pour Obama, conserver les métadonnées téléphoniques constitue une arme essentielle dans la lutte contre le terrorisme

Conformément à ce texte, les opérateurs téléphoniques américains fournissent à la NSA les métadonnées de l'ensemble des appels téléphoniques passés aux Etats-Unis. Ces métadonnées sont comparables à ce qu'on trouve sur une facture téléphonique: numéro appelé, durée de l'appel, horaire. Mais elles n'incluent ni le nom de l'abonné, ni l'enregistrement des conversations.

Le président a insisté sur le fait que conserver les métadonnées téléphoniques constituait une arme essentielle dans la lutte contre le terrorisme. "Etre capable d'examiner les connections téléphoniques pour établir si un réseau existe est crucial", a-t-il plaidé. Donc, cette collecte continuera, a souligné Barack Obama, énonçant la nécessité d'"établir un mécanisme qui préserve les capacités dont nous avons besoin, sans que le gouvernement détienne ces métadonnées".

Des révélations qui ont froissé de nombreux alliés des Etats-Unis

Il a chargé le Renseignement et le ministre de la Justice de mettre au point une réforme à cet effet, sans se prononcer sur quelle entité devrait être dépositaire des informations. Les entreprises de télécommunications ont déjà fait part de leur réticence à s'investir dans de telles opérations.

Les révélations de Edward Snowden ont froissé de nombreux alliés et partenaires des Etats-Unis, notamment la France, l'Allemagne, le Brésil et le Mexique, des courroux que Barack Obama s'est une nouvelle fois employé à calmer vendredi.

"J'ai été très clair vis-à-vis de la communauté du renseignement: à moins que notre sécurité nationale ne soit en jeu, nous n'espionnerons plus les communications des dirigeants de nos alliés proches et de nos amis", a-t-il assuré.

"On ne va pas s'excuser juste parce que nos services sont peut-être plus efficaces"

"J'ai également ordonné à mon équipe de sécurité nationale, ainsi qu'à la communauté du renseignement, de travailler avec nos collègues étrangers pour renforcer notre coordination et notre coopération de manière à restaurer la confiance", a encore dit le président américain.

Celui-ci a malgré tout noté que ses services continueraient à "réunir des informations sur les intentions des gouvernements à travers le monde", comme le font tous les autres pays. "On ne va pas s'excuser juste parce que nos services sont peut-être plus efficaces", a-t-il lancé.

"Mais les chefs d'Etat et de gouvernement avec qui nous travaillons en étroite collaboration (...) doivent être confiants dans le fait que nous les traitons en véritables partenaires", a repris Barack Obama. Il a aussi répété que les actions de Edward Snowden avaient été dommageables à la sécurité des Etats-Unis.

"La défense de notre nation dépend en partie de la fidélité de ceux auxquels nous avons confié les secrets de notre pays"

"La façon sensationnelle dont ces révélations ont été mises sur la place publique a souvent été plus spectaculaire que significative sur le fond, tout en révélant à nos adversaires des méthodes qui pourraient avoir des conséquences sur nos opérations, que nous pourrions bien ne pas comprendre avant des années", a-t-il estimé.

"La défense de notre nation dépend en partie de la fidélité de ceux auxquels nous avons confié les secrets de notre pays", a fait valoir Barack Obama, qui n'a pas voulu s'attarder sur les motivations ou les actions de Edward Snowden.

"Si un individu opposé à la politique du gouvernement peut prendre (ces secrets) dans ses mains pour rendre publiques des informations classifiées, alors nous ne serons jamais capables d'assurer la sécurité de notre population ou de conduire une politique étrangère", a insisté le président américain.