Exclusif Jean-François Copé : "Il ne faut pas que la taxe carbone soit perçue comme un impôt supplémentaire"

Par Propos recueillis par Anne Eveno et Hélène Fontanaud  |   |  581  mots
Pour le président du groupe UMP à l'Assemblée, le produit de la taxe carbone ne doit pas être redistribué aux ménages mais servir à investir dans des transports en zone rurale. Une interview à retrouver dans la Tribune ce samedi.

La Tribune -  Le désaveu de François Fillon par Nicolas Sarkozy sur la taxe carbone ne pose t-il pas le problème du rôle du Premier ministre ?
 

Jean-François Copé : Pour moi il n'y a ni désaveu, ni crise, il y a débat au sein de la majorité sur les modalités de mise en ?uvre de la taxe carbone. Au final, c'est au Parlement que cela sera tranché puisque ce sont les parlementaires qui votent le budget.

- Deux tiers des Français sont opposés à la taxe carbone. Sous quelle forme faut-il prévoir cette taxe, s'il faut toujours la mettre en oeuvre?
 

- Il ne faut pas que la taxe carbone soit perçue comme un impôt supplémentaire ou pire comme une sanction appliquée sans discernement à toute personne qui va acheter son litre d'essence, sans à aucun moment tenir compte des disparités géographiques. En clair, le citadin a de multiples voies alternatives de transport. Ce n'est pas le cas de celui qui habite en zone rurale et qui n'a d'autre choix que de prendre sa voiture.

-Comment faire ?
 

-Le produit de cette taxe doit être identifié et fléché vers des investissements en faveur du développement durable. Et en particulier des modes alternatifs de transport. Voilà une formule logique, lisible et parfaitement acceptable par les Français.

-Donc vous ne le redonnez pas en compensation aux ménages ?
 

- Imaginons que le produit de la taxe soit de l'ordre de quatre à cinq milliards. Vous imaginez ce qu'on peut réaliser en trois ou quatre ans dans un certain nombre de régions ? Concernant les ménages, il faut trouver le moyen de ne pas pénaliser ceux qui sont dans des zones dépourvues de transports en commun.


-Autre thème, la réforme des collectivités territoriales...
 

- L'organisation optimale de notre pays en ce XXIe siècle c'est celle qui comprend un Etat, de grandes régions et de grandes agglomérations. Nous ne pouvons pas nous payer le luxe de financer des structures coexistantes département et région. Cela signifie toujours plus de dépenses locales, toujours plus d'administrations locales et donc toujours plus d'impôts locaux...

-La préparation du Budget entre dans sa dernière ligne droite. Qu'allez vous défendre ?
 

-La fiscalisation des indemnités journalières d'accidents du travail et l'augmentation du taux de cotisation chômage des fonctionnaires au titre de la solidarité.

-Eric Woerth souhaite raboter quelques niches... Partagez-vous sa préoccupation ?
 

-De manière générale je me demande si c'est le moment pour augmenter les impôts. Or la suppression des niches fiscales, c'est une augmentation des impôts, qu'on le veuille ou non. Le jeu n'en vaut pas la chandelle. Cela fait juste plaisir à quelques aficionados.

- Etes-vous satisfait de la réforme de la taxe professionnelle telle qu'elle se dessine ?
 

- Je ne sais pas. Sur ce sujet que je connais bien - je suis l'auteur d'une réforme qui a quand même réglé beaucoup de problèmes - on veut aller au-delà, très bien, allons-y. Mais les conséquences sur l'organisation générale de la fiscalité nationale et locale sont telles que je suis sceptique... Et puis on a une réforme de la décentralisation à faire.

Découvrez son interview complète ce samedi dans la Tribune, seul quotidien économique français en vente tous les samedis.