Le stress au travail, avant tout un problème de management

Par latribune.fr  |   |  466  mots
Un rapport, remis ce mercredi au Premier ministre François Fillon sur le stress au travail, pointe la responsabilité des dirigeants d'entreprise en la matière.

"Le problème de santé n'est pas un problème de la médecine du travail, c'est un problème de management". C'est un patron qui le dit, en l'occurrence Henri Lachmann, président du conseil de surveillance de Schneider Electric, un des auteurs du rapport sur le stress au travail qui a été remis au Premier ministre François Fillon ce mercredi.

Lors d'un point de presse, ce dernier a promis que le rapport serait débattu au sein du Conseil d'orientation sur les conditions de travail (COCT), afin de contribuer au Plan santé travail 2010-2014, qui doit être adopté en mars, et dont une première mouture a été présentée par le ministre en charge du Travail, Xavier Darcos, le 15 janvier.

Le document remis à Matignon ce mercredi pointe la responsabilité des dirigeants d'entreprise et préconise même de réformer l'enseignement dans les écoles de commerce et d'ingénieurs, où la formation dans ce domaine "est extrêmement pauvre", a déploré Muriel Pénicaud, directrice générale des ressources humaines chez Danone, autre auteur du document.

Le texte suggère aussi que "la performance économique" ne soit plus le seul critère d'attribution de la rémunération variable des dirigeants, mais que soit prise en compte "la performance sociale" de l'entreprise, "incluant notamment des indicateurs de santé, se sécurité et de conditions de travail".

Histoire d'enfoncer le clou, le troisième membre de la mission, le vice-président du Conseil économique et social, Christian Larose, a jugé "consternant" l'accueil que leur ont réservé les organisations patronales.

Un coût de 2 à 3 milliards d'euros

Selon l'Inres, le stress professionnel en France a coûté en 2007 de 2 à 3 milliards d'euros, si l'on considère les dépenses de soins, celles liées à l'absentéisme, les cessations d'activité et les décès prématurés.

Les maladies professionnelles ne cessent d'augmenter : on en dénombrait de 15.000 à 20.000 de plus par an à la fin des années 90, on en a compté 43.000 de plus en 2007 et 45.000 de plus en 2008, selon le ministère du Travail.

Toujours selon le ministère, plus d'un travailleur sur deux travaille dans l'urgence, plus d'un sur trois reçoit des ordres ou indications contradictoires, et plus d'un sur trois déclare vivre des situations de tension dans ses rapports avec ses collègues ou sa hiérarchie.

Face à ces problématiques, le gouvernement souhaite mettre les entreprises sous pression et mettra - jeudi - en ligne sur Internet une liste d'entreprises de plus de 1.000 salariés, classées en trois catégories en fonction de leurs efforts dans la prévention du stress : "feu vert", celles qui ont signé un accord, "feu orange", celles qui ont entrepris une démarche, ou "feu rouge", celles qui n'ont rien entrepris.