L'image de la France se brouille aux yeux des investisseurs étrangers

Par latribune.fr  |   |  613  mots
Selon une enquête publiée ce mercredi par Ernst & Young, les investisseurs internationaux doutent de la capacité de la France à générer de la croissance en période de reprise

La France a fait office de "valeur refuge" pour les investissements directs étrangers en 2009 mais les investisseurs internationaux doutent de sa capacité à générer de la croissance en période de reprise, selon une enquête publiée mercredi par Ernst & Young.

Avec 529 projets accueillis l'an dernier, la France est restée le deuxième pays d'Europe en termes d'investissements directs étrangers (IDE), derrière le Royaume-Uni - leader incontesté - mais devant l'Allemagne, qui se rapproche. Le nombre de nouvelles implantations a progressé de 1% en France l'an dernier (à comparer à un recul de 11% pour toute l'Europe), ce qui a permis une augmentation de 2% des emplois liés.

"Ces chiffres rassurants masquent pourtant le désintérêt des économies nouvelles qui préfèrent le Royaume-Uni et l'Allemagne à la France", déclare Marc Lhermitte, associé chez Ernst & Young et auteur de l'étude. Le Baromètre 2010 d'Ernst & Young sur l'attractivité montre que l'Allemagne accueille 41% des projets chinois en Europe et le Royaume-Uni 54% des investissements indiens, alors que la France n'en reçoit respectivement que 9% et 11%. En 2009, le nombre de projets a reculé de 0,1% au Royaume-Uni, à 678, mais augmenté de 7% en Allemagne, à 418, soit une centaine de moins que la France.

A titre de comparaison, la France en 2005 talonnait le Royaume-Uni (538 projets contre 559) mais l'Allemagne était nettement distancée avec 182 projets. "Depuis cinq ans, l'Allemagne a vu le nombre de projets d'implantations internationales plus que doubler sur son territoire et elle risque à court terme de détrôner la France de sa deuxième place européenne", affirme Marc Lhermitte.

LA FRANCE RELEGUÉE EN DIVISION EUROPÉENNE

Dans le cadre de son baromètre, E&Y a fait interroger par l'institut CSA 208 dirigeants d'entreprises de 23 pays sur leur perception de l'attractivité de la France et leurs attentes. Il en ressort que le pays tire son épingle du jeu grâce à ses atouts traditionnels - qualité de vie, spécificités sectorielles et capacité d'innovation - mais fait douter quant à son potentiel de rebond, surtout auprès des investisseurs qui ne sont pas présents actuellement sur le territoire. A un horizon de trois ou cinq ans, les investisseurs dans leur ensemble affichent une plus forte confiance dans l'amélioration de l'attractivité de l'Allemagne (54%) et du Royaume-Uni (56%) que de celle de la France (45%).

La France semble en outre reléguée en division européenne pour la compétition mondiale puisque les investisseurs citent l'Allemagne puis le Royaume-Uni comme principaux concurrents de la France en matière d'attractivité. A la même question concernant l'Allemagne ou le Royaume-Uni, ce sont les Etats-Unis qui sont cités spontanément comme premier concurrent. "La France ne semble pas jouer dans une cour mondiale", souligne l'étude. Interrogés sur les secteurs clés pour l'attractivité future de la France, les investisseurs citent les technologies vertes, l'énergie et les technologies de pointe - des technologies de l'information et de communication (TIC) aux biotechnologies. Au chapitre des attentes, "plus de flexibilité" (41%) et "baisse des charges sociales" (36%) arrivent sans surprise en tête.

Pour l'ensemble de l'Europe, le nombre de projets d'investissements étrangers a baissé de 11% en 2009, à 3.303, mais ce chiffre masque de grandes disparités entre les pays. Les investisseurs européens tout comme ceux venant des Etats-Unis et d'Extrême-Orient se sont concentrés sur les grands marchés traditionnels aux dépens de l'Europe centrale et orientale et des plus petits pays d'Europe de l'Ouest, au premier rang desquels l'Espagne et l'Irlande. En Pologne, en Hongrie, en Roumanie et en République tchèque, le nombre de projets a baissé collectivement de 40% alors qu'il a augmenté en Russie, en Ukraine et en Turquie.