SNCF, RATP... les appels à la grève illimitée se multiplient

Par latribune.fr  |   |  839  mots
Alors qu'une mobilisation interprofessionnelle est prévue le 12 octobre contre la réforme des retraites, les appels à la grève reconductible sont de plus en plus nombreux.

Face à la détermination du gouvernement sur la réforme des retraites, les dépôts de grèves et surtout de grèves reconductibles se sont multipliés depuis le début de la semaine. Les jours qui viennent, avec l'examen du projet de loi au Sénat, diront qu'il s'agit de manoeuvres de pression de la part des syndicats ou d'un réel durcissement du conflit.

Ainsi, à la SNCF, les fédérations de cheminots CGT, Unsa, Sud-Rail et CFDT-Fgaac ont entériné le principe d'une grève reconductible à partir du 12 octobre, date de la prochaine mobilisation interprofessionnelle contre le projet de loi. Les trois autres organisations syndicales - FO, CFTC et CFE-CGE - s'étaient déjà prononcées officiellement mardi en faveur d'un mouvement de ce type. Dans ce conflit, les syndicats de l'entreprise ont opté pour une démarche unitaire. 

A la RATP, dès lundi, la CGT a déposé un préavis de grève illimité et la CFDT en a fait autant ce mercredi. FO a suivi également. La grève à la RATP a cependant été assez peu suivie le 23 septembre dernier, avec 16% de grévistes, selon la direction.

La fédération CGT des transports a par ailleurs déposé un préavis de grève couvrant la période du 12 au 30 octobre dans les transports urbains de province. FO et Solidaires des transports sont aussi pour une action reconductible. La plupart des fédérations de routiers ont cependant appelé mercredi à une simple grève de 24 heures, mardi 12.

La fédération CGT de la mer a également lancé un appel à des mouvements reconductibles à partir du 12 octobre.

Le mouvement de grève sur les terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer et Lavera est entré jeudi dans sa 11e journée consécutive et ne semble pas vouloir s'arrêter. La CGT de l'entreprise Total a de son côté appelé à une grève reconductible mardi "dans toutes les raffineries du groupe", de même que toute la fédération CGT de la Chimie.

De plus, la CGT des ports et docks a appelé les  travailleurs portuaires à la grève samedi et dimanche, puis mardi, pour réclamer une cessation anticipée d'activité au titre de la pénibilité de leurs métiers. Les ports de commerce pourraient ainsi fermer ces trois jours-là.

La fédération CGT-Energie a prévu de déposer jeudi un préavis de grève illimitée démarrant le 12 octobre dans les secteurs du gaz et de l'électricité, ce qui pourrait engendrer des débrayages chez EDF et GDF Suez .

La FSU, premier syndicat de fonctionnaires, a lui aussi déposé un préavis de grève, mais dès le lundi 27 septembre, pour toute la fonction publique. Dans l'enseignement, le SNUIPP, premier syndicat du premier degré (écoles maternelles et primaires), et le SNES, principal syndicat d'enseignants du second degré, ont appelé à la grève pour la journée du 12 octobre seulement.

Le Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche, a appelé à la grève ce jour-là, mais l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) a préconisé une action plus modérée.

A La Poste, FO et  Sud-PTT ont déposé des préavis de grève reconductible et les autres syndicats, CGT, CFDT, CFTC, CGC, Unsa-Fonctionnaires, des préavis pour la journée du 12 uniquement. FO et Sud ont également posé des préavis de grève reconductible à France Télécom.

Risques de la radicalisation

Les grandes centrales syndicales restent toutefois prudentes sur le choix de la grève reconductible. "Nous entendons tous ceux qui nous disent qu'ils ne peuvent pas cumuler un grand nombre de jours de grèves", a déclaré Bernard Thibault. La CGT ne veut pas non plus se couper de la CFDT, autre pilier de l'action syndicale, dont le numéro deux, Marcel Grignard, a dénoncé les tentatives du gouvernement visant à "jouer la radicalité".

Le groupe PS à l'Assemblée a de son côté annoncé la couleur : il sera "solidaire" du mouvement social même s'il se radicalise, a déclaré mardi son porte-parole Alain Vidalies, anticipant la possibilité d'"une crise sociale très profonde".

Réaction du gouvernement

Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a estimé mercredi que les menaces de grève reconductible brandies par certains syndicats du transport seraient sans effet. "Les organisations syndicales ne sont pas dans une logique de grève reconductible, de durcissement et autre. Elles sont toujours dans une logique de mobilisation mais elles n'appellent pas à la grève reconductible", a-t-il dit sur RMC. Il a aussi  estimé que la loi sur le service minimum limiterait l'impact d'un tel mouvement.

Mardi, le Premier ministre a cherché à rassurer  la majorité. "Les principaux dirigeants syndicaux sont responsables" a expliqué François Fillon devant le groupe UMP de l'Assemblée nationale. Et de poursuivre : "On est dans la dernière ligne droite. La mobilisation ne va pas au-delà de ce qui est naturel dans ce genre de situation.