Retraite : les syndicats font monter la pression, le Sénat en position d'arbitre

Alors que les syndicats veulent maintenir la pression pour obliger le gouvernement à faire des concessions, les sénateurs prennent cette semaine le relais des députés sur le projet de réforme des retraites. Dans un entretien aux Echos, Gérard Larcher annonce que la retraite à taux plein sera maintenue à 65 ans pour les mères de trois enfants.

Au-delà de la polémique sur les chiffres diffusés par le ministère de l'Intérieur et l'amplification ou non du mouvement de protestation, les syndicats veulent s'appuyer sur la mobilisation des centaines de milliers de Français qui ce samedi ont manifesté contre la réforme des retraites dans les rues des grandes villes de France pour forcer le gouvernement à lâcher du lest.

Jean-Claude Mailly, le numéro un de Force ouvrière, a ainsi appelé dimanche le gouvernement à donner un "signe d'apaisement" en suspendant son projet de loi pour rouvrir les discussions. Et pour montrer leur détermination, les organisations syndicales ont d'ores et déjà prévu une nouvelle journée d'action le 12 octobre, sans exclure d'autres formes d'actions.

Le ministre du Travail Eric Woerth ainsi que le porte-parole du gouvernement Luc Chatel ont reconnu samedi soir que la mobilisation avait été forte, tout en soulignant qu'elle ne dépassait pas, par son ampleur, les deux précédentes grandes journées d'actions, qui s'étaient, elles déroulées en semaine.

C'est donc dans un contexte de forte mobilisation sociale, que le Sénat va se pencher mardi sur le projet de réforme. A la clé, des avancées possibles sous la forme d'amendements portant sur la pénibilité, la question des travailleurs handicapés et les seniors au chômage que serait prêts à accepter le gouvernement.

Comment Gérard Larcher veut "améliorer le projet de loi"

Dans une interview publiée sur le site internet des Echos, le Président du Sénat assure que la Haute Assemblée va "améliorer le projet de loi". "Nous verrons comment nous pourrons mieux répondre notamment à toutes les personnes qui ont eu des parcours professionnels hachés, et puis nous devrons réfléchir à l'après-2018" explique Gérard Larcher avant de dévoiler une mesure concernant le travail des femmes qu'il entend défendre : "Ce que nous souhaitons pour les mères de trois enfants et plus, c'est bloquer l'âge du taux plein, et ce de façon transitoire. Elles pourraient continuer à partir à 65 ans sans décote, quel que soit le nombre de trimestres cotisés. Plus précisément, il faudra cibler les parents qui se sont arrêtés pour élever leurs enfants, entre deux mois, la durée du congé maternité, et une durée maximale à déterminer."

Gérard Larcher reconnaît qu'en limitant cet avantage aux mères de trois enfants il fait montre d'une "approche familialiste". "J'assume" affirme le Président du Sénat qui estime à quelques centaines de millions d'euros le coût de cette mesure, 100.000 étant concernées. Le Président du Sénat reconnaît que cette nouvelle disposition ne faisait pas partie des propositions faites par les syndicats mais, dit-il, "notre objectif n'est pas d'avoir une réponse immédiate au mécontentement qui s'exprime ; c'est de réussir la réforme la plus équitable possible et de sauvegarder notre système par répartition."

71% des Français ont de la sympathie pour ce mouvement de protestation

Forts d'un sondage CSA montrant que 71% des Français ont de la sympathie pour le mouvement et du renfort samedi d'un nouveau public composé de familles et de jeunes, les dirigeants syndicaux affirment, de leur côté, qu'ils ne reculeront pas. "C'est l'une des dernières occasions pour le gouvernement de modifier son texte", a prévenu François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT.

"Si le gouvernement confirme son intransigeance, il ne faudra pas s'étonner si la mobilisation prend d'autres formes", a renchéri Bernard Thibault, le leader de la CGT. Les syndicats se réuniront lundi pour faire un nouveau point de la situation avant la prochaine étape du 12 octobre, qui sera de nouveau accompagnée de grèves

Tous considèrent que l'exécutif n'a pas pris la mesure de la contestation. Et certaines organisations envisagent désormais des grèves reconductibles, au risque d'ébranler quelque peu l'unité syndicale.

Les fédérations de cheminots doivent ainsi décider lundi d'une éventuelle grève reconductible unitaire à partir du 12 octobre. Une idée désormais appuyée par la CGT, qui selon le JDD, pourrait l'étendre au secteur de l'énergie.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.