Pourquoi le prix de l'essence risque encore de grimper

Par latribune.fr  |   |  626  mots
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Les prix à la pompe ne cessent de grimper. Une envolée qui s'explique par un cocktail d'euro qui baisse, de brent qui grimpe et de taxes qui pèsent pour plus de la moitié dans le prix à la pompe du carburant. Avec un baril à 100 dollars, comme le prévoient certains experts, le prix au litre risque de s'envoler de plusieurs dizaines de centimes.

Les trajets des français pour les vacances de Noël auront à la fois été épiques, à cause de la neige, et chers. Les carburants vendus à la pompe atteignent en effet des niveaux records depuis 2008 ces jours-ci : 1,4134 euros par litre pour le super 95 et 1, 2325 pour le gazole selon l'Union Française des Industries Pétrolières. Et ce pour trois raisons.

1. Une taxation élévée

La première d'entre elle reste la taxation, puisque plus de la moitié des prix des carburants file directement dans les caisses de l'Etat sous forme de TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) et de TVA (taxe sur la valeur ajoutée). Si la TIPP reste la même quelque soit le prix du carburant (c'est une taxe fixe calculée par litre) la TVA (19,6% sur le prix incluant la TIPP) renchérit, elle, le prix de vente à la pompe dès lors que le cours du baril évolue à la hausse.

2. Un baril de plus en plus cher

La seconde raison de la hausse repose sur les cours du pétrole brut et des produits pétroliers sur le marché international. Les cours du Brent, la qualité de pétrole extraite de la mer du Nord et qui fait référence sur le Vieux Continent, ont grimpé de plus de 15 % cette année, et sont particulièrement élevés actuellement à 92 dollars par baril. En prix moyen, le brent a coté 80 dollars par baril cette année.

En revanche, les prix des produits pétroliers présente des profils plus variés. Le gazole, qui nécessite le plus de raffinage, et se vend donc plus cher sur le marché international, est moins taxé donc moins cher à la pompe. C'est aussi le produit qui profite le plus de l'abondance des capacités de raffinage, qui a fait chuter les marges des raffineurs.

Par rapport à 2008, le gazole est donc encore à 20 % en dessous de son prix maximum, alors que les super 95 et 98 le touchent déjà. Ce qui peut sembler étonnant puisque le baril de brut sur le marché international se traite en effet moins cher qu'à l'époque. Sur l'année, le prix moyen annuel du baril de brent reste inférieur de 20 dollars : il est de 80 dollars pour 2010, contre 98 dollars en 2008.

3. Un euro en perte de vitesse

Enfin il existe un autre facteur de renchérissement du coût du carburant  : la monnaie. Alors que le pétrole se traite, comme la majorité des matières premières, en dollars, mieux vaut un euro fort pour acheter du pétrole. Or en 2010, l'euro s'est légèrement affaissé, à 1,32 dollar en moyenne. Le fait qu'il ait été plus élevé en 2008, à 1,4 dollar en moyenne, avait partiellement amorti l'impact de la hausse du baril de pétrole.

Pour 2011, les experts prévoient un nouveau regain des cours du pétrole brut, qui pourrait dépasser les 100 dollars pour certains, contre un prix moyen de 80 dollars en 2010. Ce qui pourrait se traduire par quelques dizaines de centimes supplémentaires par litre de carburant.

La progression ne devrait toutefois pas être fulgurante étant donné les larges stocks de pétrole qui encombrent encore les réserves des pays de l'OCDE. De même, les marges de raffinage ne sont pas amenées à grimper à court terme puisque des nouvelles raffineries ont encore ouvert ces derniers mois. La concurrence féroce sur les produits pétroliers devrait se poursuivre.

En revanche, l'évolution de l'euro pourrait constituer un facteur d'incertitude supplémentaire pour les automobilistes : les problèmes de dettes de plusieurs pays européens pourraient continuer de peser sur la monnaie, et donc renchérir le coût de l'essence. Quant aux taxes, elles ne sont pas appelés à être modifiées à court terme.