Comment restaurer la compétitivité française face à l'Allemagne ?

Par Anne Eveno  |   |  447  mots
Copyright Reuters
Le rapport du COE-Rexecode, remis ce jeudi à Eric Besson, souligne que le décrochage de l'économie française remonte aux années 2000.

Même si le constat d'un déficit de compétitivité de la France par rapport à l'Allemagne n'a rien de révolutionnaire, les données figurant dans le rapport COE-Rexecode remis ce jeudi à Eric Besson ont le mérite de rappeler chacun à la réalité.

Les auteurs de cette étude rappellent d'abord qu'en terme de compétitivité, l'Allemagne n'a pas toujours damé le pion à la France. Ce n'est selon eux qu'à partir du début des années 2000 qu'une divergence de compétitivité sans précédent historique, est apparue au détriment de la France. Depuis cette rupture, l'écart ne ferait que se creuser.

A l'appui de ce constat, le rapport donne quelques repères chiffrés. Il y a dix ans, les exportations françaises représentaient 55% des exportations allemandes. Elles n'en représentent plus que 40%. La divergence sur le solde des échanges de marchandises entre la France et l'Allemagne s'élève actuellement à 200 milliards d'euros. Le prix moyen des exportations françaises a progressé entre 2003 et 2008 d'environ 8% de plus que le prix des exportations allemandes. La France a perdu environ 18% de ses entreprises industrielles de 2000 à 2007, par comparaison avec l'Allemagne. Et la liste n'est close.

Coûts salariaux

Pour expliquer ce décrochage de compétitivité, le rapport COE-Rexecode pointe la perte au cours des dernières années du "seul avantage comparatif" français, celui de prix moins élevés, et les écarts grandissants de coûts salariaux, notamment depuis la mise en place des 35 heures. Selon le rapport, entre début 2000 et fin 2007, les coûts salariaux unitaires ont progressé d'un peu moins de 10% en France alors qu'ils reculaient de plus de 15% en Allemagne. Dans ces conditions, soulignent les auteurs, "l'écart qui s'est creusé est ainsi de 25% et explique très largement la divergence de compétitivité" et les différences sur les résultats des entreprises. Le rapport juge donc nécessaire de rouvrir le dossier de la durée du travail.

Enfin, le rapport, estime urgent d'envisager un "pacte de compétitivité industrielle". Ce pacte lierait pouvoirs publics et organisations syndicales et professionnelles et serait fondé sur cinq priorités : prendre en compte l'impératif de compétitivité dans toute réforme de la fiscalité, améliorer notre "capacité à travailler ensemble" pour gérer le compromis social et l'adapter au changement économique, accorder une plus grande importance au capital humain, axer plus nettement l'effort de formation et de recherche sur le couplage recherche industrie et le process industriel, mettre en oeuvre une mesure forte et urgente de recalage de nos coûts industriels. L'objectif étant une baisse de 5 à 10% des coûts de production pour l'industrie sur le territoire national.