Le miracle économique allemand laisse le social derrière lui

Malgré sa forte croissance et son chômage en baisse, Berlin est moins bien classée que Paris pour la « justice sociale » selon la fondation Bertelsmann.
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Croissance record, rigueur sévère, chômage en baisse, optimisme débordant : l'Allemagne fait bien des envieux en ce début d'année. Pourtant, ce modèle allemand si souvent célébré de ce côté-ci du Rhin a un prix : celui des inégalités sociales. Une étude publiée ce lundi par la fondation Bertelsmann vient de le confirmer. La République fédérale n'arrive en effet qu'en quinzième position du classement de l'indice de la « justice sociale » regroupant les 31 pays membres de l'OCDE. Le score global de l'Allemagne la place derrière non seulement les pays nordiques, qui occupent les cinq premières places, mais aussi la France (8e) ou le Royaume-Uni (11e). C'est un peu le revers du nouveau « miracle économique allemand ».

précarité des emplois

Car avec la réunification, puis avec les réformes sociales de l'ère Schröder, l'Allemagne a changé de visage. Le pays a découvert les petits salaires du secteur des services, la précarité des emplois ou encore les pis-aller comme les « jobs à 1 euro de l'heure » pour les chômeurs de longue durée. La fondation Bertelsmann souligne qu'entre 1995 et 2005, la part de ceux qui doivent vivre avec moins de la moitié du revenu médian est passée en Allemagne de 7,1 % à 9,5 %. Elle a depuis décru légèrement à 9,3 %. Rien d'étonnant alors à ce que le pays ne se classe que 14e dans le sous-classement des « obstacles à la pauvreté ». Selon l'étude, cette situation est « la conséquence ou le symptôme d'erreurs commises dans les autres domaines ». Le point faible du pays reste d'ailleurs l'accès à l'éducation où il ne se classe que 22e. Certes, les résultats récents de l'étude PISA sur l'éducation montrent une nette amélioration, mais ils confirment également que l'école allemande ne gomme guère les différences sociales. Aussi l'étude invite- t-elle le pays à investir plus dans ce domaine, particulièrement dans la petite enfance. Pour les autres critères, l'Allemagne reste dans la moyenne, particulièrement en ce qui concerne l'accès au marché du travail (15e), seul domaine où elle devance la France (21e). Si le chômage recule en effet, il subsiste des problèmes liés à l'intégration des femmes, des travailleurs âgés et des chômeurs de longue durée.

Certes, le monde politique allemand semble avoir pris conscience de ces difficultés : la multiplication des salaires minimums ainsi que les projets pour développer les crèches semblent le prouver. Mais le plan de rigueur du gouvernement Merkel a d'abord entamé les dépenses sociales, comptant sur la seule croissance pour compenser son désengagement. Reste à savoir si cette dernière sera assez durable et assez forte pour faire reculer à terme l'injustice sociale outre-Rhin.

Commentaire 1
à écrit le 19/01/2011 à 14:44
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Quand on voyage à l'étranger pour de longues durées, on finit par avoir la nostalgie de la FRANCE , la vie dans notre pays reste "Top" comparée à la très grande majorité des pays .

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