La baisse du chômage menacée par la déprime des petites entreprises

Par latribune.fr  |   |  657  mots
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Selon le 41ème baromètre de conjoncture des très petites entreprises (TPE), réalisé entre le 25 janvier et le 7 février par l'Ifop pour Fiducial auprès de 1.007 dirigeants d'entreprises de 0 à 19 salariés, elles ne sont 14% à compter augmenter leur effectif salarié. Pire, au moins 800.000 TPE (33% du total) ajournent leurs embauches.

Avec le retour de la croissance, le chômage devrait enfin baisser en 2011. Mais un gros gain de sable se présente dans ce scénario. Il vient des TPE, les très petites entreprises, réservoir majeur d'emploi en France.

Selon le 41ème baromètre de conjoncture des Très Petites Entreprises, réalisé entre le 25 janvier et le 7 février par l'Ifop pour Fiducial auprès de 1 007 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés, elles ne sont 14 % à compter augmenter leur effectif salarié. C'est faible même si c'est mieux que leurs prévisions de débuts 2009 et 2010. Leurs prévisions de créations d'emplois s'établissent ainsi en hausse d'un petit point sur celles du dernier trimestre 2010, qui, elles, affichaient une progression de quatre point, soit le meilleur quatrième trimestre depuis 2002).

Pire, au moins 800.000 TPE (33 % du total) ajournent leurs embauches. En cause, un manque de ressources financières avéré compte tenu d'une activité estimée insuffisante, combinée au poids des charges fiscales et sociales. D'ailleurs, 44 % des TPE disent avoir connu des difficultés de trésorerie en 2010. Parmi elles, 6 % seulement ont eu recours à la médiation du crédit et 5 % à Oséo. Un tiers s'est également tourné vers son expert-comptable pour la recherche de solutions. Mais heureusement, la majorité (57 %) des entreprises ayant connu des difficultés de trésorerie a réussi à les surmonter grâce aux lignes de crédit antérieurement autorisées. A ce titre, près de la moitié des TPE (49 %) a utilisé un crédit de trésorerie bancaire en 2010 : dans 8 cas sur 10, il s'agissait d'un découvert.

En dépit de ces difficultés, les entreprises restent en bons termes avec leurs banquiers (79 % des TPE n'ont qu'une banque). 85 % des TPE confrontées à des difficultés de trésorerie ont trouvé un banquier attentif et à leur écoute, même si dans la moitié des cas il ne proposait pas de solutions, tandis que 15 % (soit 7 % de toutes les TPE) déploraient une rupture du dialogue de la part de leur banque. Au final, 4 % des TPE ont changé de banque et 6 % ont contracté avec une nouvelle, sachant que seulement 11 % déclarent avoir consulté une autre banque que la leur.


Enfin, à 15 mois de l'élection présidentielle, Le degré de confiance des TPE dans les mesures et actions économiques annoncées ou mises en place par le gouvernement enregistre une forte chute ce trimestre (26 %, soit -15 points) après le rebond observé sous l'effet de la réforme des retraites. C'est le plus mauvais score enregistré par l'exécutif depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République. Seules 17 % des TPE issues du secteur des services aux particuliers manifestent leur confiance au gouvernement, soit un différentiel de -28 points avec le score enregistré auprès de cette cible à l'automne dernier (45 %). Globalement, les TPE doutent majoritairement (58 % contre 42 % exprimant un avis contraire) de la capacité de Nicolas Sarkozy à engager des réformes profondes en période préélectorale. Et Nicolas Sarkozy n'est pas seul à susciter cette défiance. Pour la grande majorité des patrons de TPE, les femmes et les hommes politiques ne sont plus pour l'instant en mesure de transformer la société française, ni d'en lever les blocages (respectivement 62 % et 66 %). Le sentiment d'impuissance est encore plus marqué lorsqu'on évoque le redressement rapide de l'économie française (75 %) ou des finances de l'Etat (81 %).



Jean-Marc Jaumouillé, directeur des techniques professionnelles de Fiducial, analyse ainsi ces chiffres : « La faible confiance des patrons de TPE dans le climat général des affaires en France (en baisse de 2 points, avec 71 % de pessimistes) plombe leur moral et leur optimisme dans leur propre activité. En embauchant, le patron d'une TPE prend deux risques qui peuvent lui faire tout perdre : ne pas avoir suffisamment d'activité pour en couvrir le coût et se tromper sur la personne recrutée. Or, les conséquences d'une erreur sont plus dramatiques pour une petite unité ».